Le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, a été victime d’une nouvelle attaque cérébrale. D’après ses collaborateurs, son état de santé serait grave.
À trois mois des élections législatives anticipées, pour lesquelles il fait figure de grand favori, le Premier ministre israélien a été admis d’urgence à l’hôpital Hadassa de Jérusalem, où il a été immédiatement opéré. Il souffrait, selon ses médecins, d’une «hémorragie cérébrale massive» et a été placé immédiatement sous anesthésie et sous respiration artificielle. La direction du gouvernement israélien a été transférée au vice-Premier ministre, Ehoud Olmert, pour la durée, indéterminée, de son incapacité.
Ariel Sharon «lutte pour sa vie», a indiqué jeudi matin le ministre des Transports, Méir Cheetritt, aux journalistes. Le chef du groupe parlementaire, Ronni Bar-On, a également utilisé cette formule un peu plus tard devant d’autres journalistes, sans donner de détails.
La nouvelle dégradation de l’état de santé de Sharon est survenue alors qu’il faisait face à de nouveaux soupçons de corruption. Sharon avait été hospitalisé le 18 décembre à la suite d’une «légère attaque cérébrale» provoquée «par un caillot de sang venant du cœur», selon ses médecins. Depuis, il était traité avec des anticoagulants pour éviter une nouvelle attaque.
La dégradation de l’Etat de santé de Sharon risque de bouleverser la donne sur l’échiquier politique israélien et d’accroître l’incertitude au Proche-Orient, déjà alimentée par les doutes sur la tenue des législatives prévues le 25 janvier dans les territoires palestiniens.
«La fin d’une ère», a titré l’éditorialiste du “Haaretz”. «Même s’il survit, il aura du mal à retourner au travail. Il lui sera très difficile de convaincre l’opinion qu’il est capable, après deux attaques cérébrales en deux semaines et demie, de servir quatre autres années supplémentaires,» estime-t-il. Pour le “Yédiot Aharonot”, les chances de recouvrer la santé sont minces. «Tout le pays se retrouve sans réponse, partagé entre la stupeur et la crainte (…) Le peuple tout entier prie (…) Qu’ils soient de gauche ou de droite, religieux ou laïcs, les Israéliens savent qu’il y a des moments où il n’y a rien d’autre à faire que prier,» poursuit le journal.
L’état de santé d’Ariel Sharon a suscité aussi l’intérêt de la presse libanaise. «Sharon à la porte de la mort … et Israël au bord de troubles politiques,» titre le journal “As-Safir”. «Le nouveau parti créé par Ariel Sharon, “Kadima”, donné vainqueur aux élections prévues dans trois mois, est encore un parti à une tête, sans programme structuré ni règlement intérieur connu, avec des listes électorales incomplètes et des candidats liés entre eux uniquement par leurs relations avec le Premier ministre israélien», écrit “As-Safir”. «L’absence de Sharon va donc d’abord et avant tout mener à des conflits internes sur la hiérarchie avant le scrutin et convaincre les Israéliens que ce parti est à l’image des autres dont ils voulaient s’écarter,» estime le journal. La loi prévoit qu’en cas d’incapacité du Premier ministre d’assurer ses fonctions, le vice-Premier ministre le remplace pendant 100 jours.
Au 101ème jour, le gouvernement sera dissous et le président de l’Etat, Moshé Katsav, devrait confier à un des 120 députés de la Chambre le soin de former dans les 14 jours un nouveau gouvernement, avec une possibilité d’extension de deux semaines supplémentaires. Actuellement, aucun député ne dispose d’une assise parlementaire suffisante pour former une coalition gouvernementale.