Le sud Soudan, ravagé par 21 ans d’une guerre civile qui a pris fin en janvier, se trouve désormais confronté au défi du retour de centaines de milliers de réfugiés et déplacés, dans une région où nourriture, infrastructures de base et économie locale font défaut.
En janvier, un accord de paix a été signé entre le gouvernement de Khartoum et la rébellion sudiste, mettant fin à 21 ans de guerre civile qui a fait 1,5 million de morts et 4 millions de déplacés et réfugiés.
Selon les chiffres du Programme alimentaire mondial (PAM), environ 645.000 déplacés et 110.000 réfugiés devraient rentrer en 2005 dans leur région d’origine. Leur retour est notamment attendu en ce mois d’octobre et novembre, pendant la récolte, selon le PAM.
Au moins 219.715 personnes sont déjà rentrées au Sud-Soudan et dans les zones de transition entre le nord et le sud, de janvier à août 2005.
À 12 kilomètres de Rumbek, capitale provisoire du Sud-Soudan, environ 450 personnes vivent dans la précarité dans le camp de déplacés d’Abarkou, formé de cases en torchis dans la brousse.
Nora Sawa, 46 ans, pieds nus dans la boue, passe une main sur son visage fatigué en expliquant à l’AFP que le camp "n’a pas assez de nourriture, n’a pas d’école pour les enfants, pas de moustiquaires et de médicaments, pas d’ustensiles de cuisine".
Nora et sa famille avait fui les combats en 1985 pour s’établir dans l’un des bidonvilles de Khartoum la capitale, où la vie était "mauvaise" selon son expression.
Deng Wepi, 22 ans, avait quant à lui fui Rumbek pour la ville de Wau (sud-ouest du Soudan) depuis janvier 2004. Il veut convaincre ses parents, restés à Wau, de revenir dans leur région natale. "Je leur dirai qu’ici, il y a de l’eau, de la nourriture du PAM, un hôpital", énumère le jeune homme maigre.
Dans ces deux camps, le PAM organise une distribution de nourriture chaque fin de mois. Les déplacés ont planté des pieds de tomate, d’aubergines et d’arachide, et vendent du bois de chauffe en ville.
Dans le camp voisin de Jiir, plusieurs femmes et enfants sont marqués par la sous-alimentation.
Ayen Mading, la responsable du camp, espère que "les autorités leur attribueront d’autres lopins de terre", car de nouveaux déplacés arrivent sans cesse.
Selon Jared Omyango, responsable de projet du PAM à Rumbek, les déplacés et réfugiés devront être aidés mais aussi les habitants de la région, qui souffrent de "la mauvaise récolte de l’année dernière".
Le PAM sort tout de même "petit à petit de la situation d’urgence" au Sud-Soudan, estime-t-il, ajoutant: "nous allons désormais plus nous focaliser sur des projets de développement".
Cependant, le manque d’infrastructures est "un défi énorme", relève-t-il, notamment les routes qui "sont complètement inexistantes".
En août, la Mission des Nations Unies au Soudan (UNMIS) avait affirmé que l’entreprise de rétablissement de la paix au Sud-Soudan représentait "le plus grand défi" logistique jamais lancé à une mission de maintien de la paix de l’Onu.
Selon l’UNMIS, l’opération est compliquée par le manque d’infrastructures de base, d’eau et de nourriture disponibles sur place, et par d’immenses champs de mines.
Selon le père Andrea Hausman, appartenant au diocèse présent depuis 50 ans à Rumbek, ce retour est un "défi considérable".
La question de la "sécurité" va devenir majeure, selon lui, "car les gens ne s’installent pas dans de bonnes conditions" ce qui provoque"des affrontements entre clans".
• Lucie Peytermann
(AFP)