Le monde attendait toujours des preuves du retrait des forces russes de Géorgie, que Moscou affirme avoir entamé comme promis, alors que Tbilissi accuse désormais la Russie de violer «gravement» l’accord de cessez-le-feu. Accusant l’armée russe de miner des ponts dans l’ouest et le centre du pays et d’avoir fait exploser les baraquements de la base militaire de Senaki (ouest), la diplomatie géorgienne déclare «que par ces actions, parallèlement au retard persistant du retrait de ses troupes de Géorgie» les Russes «violent gravement les conditions de l’accord de paix». Les troupes russes ne semblaient pas préparer leur départ, et les journalistes de l’AFP ont constaté qu’ils campaient sur leurs positions ou avançaient sur le territoire géorgien. Les Etats-Unis n’ont pas observé de retrait significatif des forces russes de Géorgie, contrairement aux engagements pris par Moscou, selon un responsable de défense américain. «Nous continuons à surveiller la situation et il est probablement un peu tôt, mais nous n’avons constaté aucun retrait russe significatif hors de Géorgie aujourd’hui», a-t-il déclaré lundi sous couvert d’anonymat. L’état-major russe avait affirmé plus tôt que, conformément à la promesse du président Dmitri Medvedev et à l’accord de cessez-le-feu, les troupes russes commençaient à se retirer du territoire géorgien. Tout en se refusant à «menacer» Moscou, le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a répété que faute d’amorce de retrait, Paris, qui assure la présidence tournante de l’Union européenne, serait «amené dans les jours qui viennent à convoquer en urgence une réunion du Conseil européen». Les agences de l’ONU et les organisations non gouvernementales (ONG) ont pour leur part lancé lundi un appel de fonds d’urgence de 58,6 millions de dollars pour apporter une aide à quelque 128.700 personnes affectées par le conflit en Géorgie. Sur le terrain, des chars russes ont forcé lundi après-midi un barrage de véhicules policiers à Igoïeti, à 30 kilomètres de la capitale géorgienne, Tbilissi. Dans l’ouest, l’armée russe contrôlait encore la base militaire de Senaki, où quatre explosions ont retenti dans l’après-midi. Les forces russes, accompagnées de véhicules blindés, étaient toujours présentes à Gori et en contrôlaient l’accès. La situation était calme cependant. Tbilissi a aussi accusé la Russie de s’enfoncer lundi encore plus en Géorgie, notamment en envoyant des blindés de Khachouri (centre) 50 km plus au nord vers Satchkeré, alors que d’autres prenaient position à Borjomi. «L’occupation russe est une histoire sans fin», a déclaré à Gori le ministre géorgien du Développement régional David Tkechelachvili. En visite lundi à Vladikavkaz, en Ossétie du Nord (Russie), le président russe Dmitri Medvedev a lancé une nouvelle diatribe contre la Géorgie, déclarant que le «crime» commis en Ossétie du Sud par les Géorgiens ne devait pas rester impuni». Il a aussi menacé d’une «riposte foudroyante» toute nouvelle attaque contre les citoyens et soldats russes. A Tbilissi, le président géorgien, Mikheïl Saakachvili a pour la première fois appelé, dans un discours télévisé, à «négocier» avec la Russie, tout en exigeant «le retrait sans délai des forces d’occupation». Les Occidentaux ont de leur côté accentué la pression sur Moscou pour un retrait rapide de Géorgie. Les forces russes doivent se retirer «sans délai» de Géorgie, a prévenu la Maison-Blanche. Le président français, Nicolas Sarkozy a utilisé la même formule, estimant que ce point n’était «pas négociable», dans une tribune dans Le Figaro. Les ministres des Affaires étrangères de l’Otan doivent se réunir mardi pour réaffirmer leur soutien à la Géorgie et adopter une position commune quant aux relations avec la Russie. Le représentant permanent de la Russie auprès de l’Alliance atlantique, Dmitri Rogozine, a mis l’organisation en garde contre une réponse « déséquilibrée» au conflit en Géorgie.
• Olga Nedbaeva (AFP)