L’Iran et la Syrie ont critiqué samedi le processus de paix israélo-palestinien soutenu par Washington, et annoncé un renforcement de leurs liens en dépit des efforts américains pour éloigner Damas de son allié iranien, lors d’une visite du président Bachar al-Assad à Téhéran. M. Assad a estimé que «rien n’a changé dans le processus de paix, qui est uniquement destiné à assurer (au président américain) Barack Obama un soutien à l’intérieur des Etats-Unis», selon le site de la présidence iranienne. Il a rencontré lors de sa brève visite son homologue iranien Mahmoud Ahmadinejad et le guide suprême de la République islamique Ali Khamenei. Les discussions ont été consacrées aux questions bilatérales et régionales, dont le processus de paix israélo-palestinien, le Liban et l’Irak, selon l’agence Isna. Cette visite est intervenue quelques jours avant un déplacement controversé de M. Ahmadinejad le 13 octobre au Liban, où l’Iran et la Syrie soutiennent le puissant mouvement chiite Hezbollah, considéré par Washington comme un groupe terroriste, et qui prône la lutte armée contre Israël. Elle contrecarre les espoirs de Washington qui souhaite l’aide de M. Assad dans le processus de paix israélo-palestinien et tente d’éloigner Damas de Téhéran après un début d’amélioration des relations syro-américaines. Selon le site présidentiel iranien, M. Assad et Ahmadinejad ont réaffirmé publiquement leur volonté de renforcer l’axe Téhéran-Damas, et critiqué le processus de paix israélo-palestinien menacé par le refus d’Israël de prolonger son moratoire sur la colonisation en Cisjordanie occupée. «La façade américaine s’est écroulée, révélant (la nature du) régime sioniste», a dit M. Ahmadinejad en plaidant pour une «consolidation du front de la résistance» à Israël, incluant l’Iran, la Syrie et le Hezbollah. «La Syrie est constamment menacée par les sionistes et leurs alliés, ce qui prouve son rôle dans le maintien de la sécurité dans la région», selon lui . «La Syrie, avec le Liban et la résistance palestinienne, est un exemple de courage», a-t-il dit en remettant une médaille à M. Assad qui a à son tour salué la «relation exemplaire (entre Damas et Téhéran) qui peut amener la paix et la stabilité» au Proche-Orient. Le président syrien a aussi souligné le «potentiel de développement» des relations irano-syriennes dans les domaines économique, politique et de la sécurité, qui «bénéficiera à toute la région», toujours selon le site présidentiel. Les deux présidents devaient signer des accords libéralisant les échanges commerciaux irano-syriens et créant une banque commerciale commune, a rapporté la télévision d’Etat iranienne. L’Iran est sous le coup de sanctions internationales, notamment commerciales et financières, pour sa politique nucléaire condamnée par plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Le communiqué iranien ne mentionne pas la teneur des discussions sur l’Irak. M. Assad a été prié mercredi par l’ancien chef du gouvernement irakien Iyad Allawi d’intervenir auprès de l’Iran pour qu’il cesse ses «ingérences» en Irak où un nouveau gouvernement peine à voir le jour. Avant de quitter Téhéran, M. Assad a été reçu par l’ayatollah Khamenei qui s’en est pris aux Etats-Unis. «L’Amérique est le principal détracteur de l’axe de la résistance», a-t-il dit selon le site internet de la télévision d’Etat. «Les responsables américains déploient des efforts pour détruire cet axe mais ceux-ci sont voués à l’échec». M. Assad a dit à son interlocuteur que la Syrie et l’Iran étaient «dans la même tranchée» et avaient «les mêmes objectifs».
Par Farhad Pouladi (AFP)