Depuis la fin officielle de la Guerre, la coalition Américano-Britannique fait face à une résistance accrue en Irak. Les actes de sabotage contre les oléoducs entravent sérieusement l’acheminement du pétrole et son exportation. Ce qui remet en cause le programme de reconstruction du pays largement basé sur la vente du brut. Preuve, que cette hostilité va grandissante, la manifestation, dimanche, de 400 personnes à Bassorah, ville chiite, censée accueillir les soldats avec des fleurs, selon les hypothèses d’avant guerre de quelques stratèges du Pentagone. Les manifestants ont bloqué l’accès de la principale rue de Bassorah au lendemain de la mort d’un Irakien tué par des soldats de la coalition, selon un correspondant de l’AFP. Aux jets de pierres, les soldats britanniques ont répliqué avec des balles en caoutchouc, tirés en l’air. La foule s’est ressemblée une nouvelle fois, bloquant la voie. Les choses ont dégénéré par la suite : une dizaine de personnes ont été arrêtées par les forces britanniques selon le témoignage d’un ancien soldat irakien venu réclamer sa solde. Présent sur place, le correspondant de l’AFP a pu voir des soldats interpeller six manifestants. Les forces britanniques avaient lancé dans la matinée des tracts annonçant le report du paiement des soldes des ex-soldats et ex-policiers et précisant que des relevés et des « documents devant servir à cette opération avaient été brûlés lors des manifestations » qui s’étaient déroulées la veille. Le tract ne précise pas de nouvelle date pour le règlement des soldes. A Bagdad, près de soixante personnes, brandissant des bâtons, ont manifesté en criant « Ya Allah » (O Dieu). Certains d’entre eux portaient des pistolets à la ceinture. La marche a commencé lorsque des soldats américains ont repoussé un certain nombre des quelques centaines d’anciens soldats rassemblés devant l’établissement où les soldes sont généralement versées. La veille, des heurts ont opposé ex-militaires de l’armée dissoute, réclamant des soldes impayées, et soldats de la coalition, faisant deux morts irakiens et de nombreux blessés. A la mi-journée, quelque 300 personnes ont manifesté à nouveau mais ont été dispersées par des soldats appuyés par sept Humvee. Deux photographes américains, Thorn Anderson, de l’agence Corbis, et Michael Kleinfeld, de l’agence United Press International (UPI), ont affirmé qu’ils ont été agressés par les manifestants et qu’on leur avait volé du matériel. En réaction à cette nouvelle hostilité, et pour prévenir les actes de sabotage, les forces américaines ont paré au plus pressé, déployant des tireurs d’élite pour défendre les oléoducs irakiens. Prenant la menace de débordement très au sérieux, l’armée américaine a décidé de déployer cinq équipes aéroportées de dix tireurs d’élite pour défendre les installations pétrolières contre les actes de sabotage. Le dispositif de sécurité englobe une ligne longue de 500 km allant de la Turquie à la Syrie. Le commandement américain indique être en alerte 24heures par jour. Ce qui est loin de suffire pour ramener la sécurité à un pays qui s’enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos.