Selon l’hebdomadaire britannique Sunday Times, qui citait dimanche un journaliste d’Al-Jazeera, le réseau Al-Qaïda a diffusé la semaine dernière un nouveau texte- «le manifeste d’Al Qaïda» – dans lequel il menace et décrit sa stratégie. Yosri Fouda, correspondant à Londres de la chaîne qatarie, a affirmé avoir reçu le document d’un responsable de la nébuleuse. Al Qaïda y a une nouvelle fois justifié sa guerre contre «les Juifs et les Croisés» tout en continuant d’attaquer vivement les Américains. «Vous devez attendre de nous jihad, résistance et punition», a averti le message qui, selon le journaliste, serait un appel lancé aux Occidentaux, mais aussi aux Arabes.
Avant même les menaces proférées mardi dernier à leur encontre par une voix identifiée comme celle de Ben Laden sur Al-Jazeera, l’Europe se sentait déjà en danger. Interpol et d’autres services sécuritaires avaient en effet été alertés d’un risque élevé d’attentats dans plusieurs pays durant la période des fêtes de fin d’année. Une menace qui pourrait avoir eu pour avant goût l’attaque contre le pétrolier français Limburg au début du mois d’octobre, au large du Yémen.
Dans ce pays, plusieurs services diplomatiques britanniques ont d’ailleurs été fermés samedi à Sanaa. Un attentat contre un hôtel occupé par des Américains aurait aussi été évité grâce à l’arrestation d’un commanditaire de l’attaque, «Moshen F», présenté comme un responsable pour la région du Golfe, d’Al Qaïda. L’état d’alerte maximum vers lequel semble s’acheminer l’Europe, a par ailleurs été motivé par l’annonce de la préparation d’un attentat dans le métro londonien. Evitée grâce à l’arrestation de trois hommes, cette attaque avait été révélée par la presse britannique samedi. Scoltand Yard a précisé dimanche que les trois suspects avaient été arrêtés en «possession d’objets destinés à la préparation, à l’incitation et à la commande d’actes terroristes».
Rabah Chekat-Baïs, 31 ans, Karim Kadouri, 33 ans, et Rabah Kadris, environ 35 ans, devaient comparaître lundi devant un magistrat. Tous vivaient en Grande-Bretagne, étaient sans emploi, et seraient originaires d’Afrique du Nord, selon la police. Relayant l’information, le Journal du dimanche croyait pour sa part savoir que le troisième homme était un «islamiste algérien» devenu «le principal correspondant des réseaux Ben Laden en Angleterre. Selon le quotidien français, il ne semble cependant pas «qu’il existe des éléments prouvant qu’ils allaient commettre un attentat au gaz ou à la bombe». Ce qu’a aussi laissé penser le vice-Premier ministre John Prescott le même jour. Si le Royaume-Uni craint d’être particulièrement visé en raison de son soutien inconditionnel aux Etats-Unis depuis le 11 septembre 2001, la France est par ailleurs loin de se croire à l’abri.
La ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, a encore répété dimanche que les menaces d’attentats étaient «élevées» dans le pays. Elle a précisé que la France mobilisait «tous les moyens» pour parer à toute éventualité. La ministre est ainsi venue confirmer le renforcement de la prévention anti-terroriste annoncée par le Premier ministre Raffarin et le ministre de l’Intérieur Sarkozy une semaine plus tôt.
De leur côté, les autorités belges ont également manifesté dimanche une «très grande vigilance». Le ministre de l’Intérieur Antoine Duquesne a toutefois appelé à éviter de sombrer dans la « psychose» et d’être «des vendeurs d’inquiétude». Une inquiétude qui était ce dimanche toute aussi visible en Allemagne. Le ministre régional de l’Intérieur de Bavière (sud), Guenther Beckstein, n’a-t-il pas à son tour déclaré qu’un «éventuel attentat en Allemagne pourrait trouver sa justification dans la présence de soldats allemands en Afghanistan» ?