Le Premier ministre Tony Blair risque de connaître une semaine bien houleuse. Il recevra, mardi, soit avec vingt-quatre heures d’avance le très attendu rapport du juge Brian Hutton, consacré aux circonstances ayant mené au suicide du mort, en juillet 2003, de l’expert en armements irakiens David Kelly. Le scientifique, employé du ministère de la Défense, s’était avéré être la source anonyme d’un reportage de la BBC affirmant que le gouvernement britannique avait exagéré la menace des armes de destruction massive (ADM) de l’Irak dans un rapport de septembre 2002. Le rapport indépendant du juge Hutton, publié mercredi, devrait décortiquer les erreurs du gouvernement, des services de renseignement, de la BBC et de David Kelly. Dans ce sens, un sondage de l’Institut YouGov montre qu’une majorité de Britanniques (56%) souhaiteraient que leur Premier ministre démissionne s’il est prouvé que lui-même ou son gouvernement se sont mal comportés vis-à-vis du Dr David Kelly. Selon une enquête de l’institut ICM publiée mardi par le quotidien «The Guardian» , 48% des Britanniques sont convaincus que M. Blair ment lorsqu’il affirme qu’il n’a pas autorisé la fuite qui a permis que le nom de David Kelly soit dévoilé dans la presse, peu de temps avant son suicide. Dans ce sondage, 63% des personnes interrogées estimaient que le Premier ministre devrait démissionner si le rapport de Lord Hutton montrait que Tony Blair avait bien menti. Le sondage de l’institut YouGov indique également que 54% des personnes interrogées souhaitent que le ministre de la Défense, Geoff Hoon, quitte le gouvernement si son ministère ou lui-même sont critiqués dans le rapport Hutton. En ce qui concerne l’intégrité de Tony Blair, 33% des sondés déclarent qu’ils lui font moins confiance que par le passé (41% chez les électeurs du parti travailliste et 18% chez les conservateurs). Les témoignages recueillis en août et septembre lors des audiences du juge Brian Hutton -dont ceux de Tony Blair et de son ministre de la Défense Geoff Hoon- n’avaient laissé aucune des parties indemnes. Tony Blair a déjà promis de faire une déclaration aux Communes sur ce rapport et de répondre aux questions des députés, mercredi. S’il n’est pas certain que ce volumineux document incriminera directement le locataire du 10 Downong Street, ses opposants ne manqueront pas d’exploiter chaque ligne dommageable pour le gouvernement. Il y a précisément un an, Tony Blair menait des consultations diplomatiques tous azimuts sur l’Irak, s’entretenant, la même semaine, avec les dirigeants des plus grands pays de la planète.