Shimon Peres, vice-premier ministre israélien et figure historique du Parti travailliste, n’a pas réussi à conserver son trône à la tête du parti-suite à son échec lors du scrutin interne tenu mercredi dernier. Sa défaite face au chef de la centrale syndicale israélienne Histadrout, Amir Peretz, qui a provoqué une énorme surprise-risque de bouleverser la donne politique en Israël. En effet, l’hypothèse d’élections anticipées se renforce, surtout qu’Amir Peretz a déjà annoncé que son parti allait quitter le gouvernement Sharon. Sans les travaillistes, Ariel Sharon, fragilisé au sein de son propre parti, ne dispose plus d’une majorité parlementaire. «Nous allons agir pour nous séparer [du gouvernement] afin que le Parti travailliste devienne une alternative», a déclaré Amir Peretz lors de son discours prononcé devant des militants au siège du parti.
Amir Peretz n’a pas cessé de dénoncer la politique "antisociale" menée par le gouvernement. Il n’a pas hésité, à la tête du syndicat Histadrout, à paralyser le pays par une grève générale afin de dénoncer la politique économique ultra-libérale du gouvernement Sharon. Dirigeant syndicaliste né au Maroc, c’est le premier sépharade – juif oriental – à se hisser à la tête du Parti travailliste. Il est également considéré comme une"colombe" pour ses positions pacifistes dans le conflit avec les Palestiniens. Dans le passé, il a été militant de la "Paix maintenant", le principal mouvement d’opposition à la colonisation israélienne des territoires palestiniens. Sa victoire consacre un bouleversement sans précédent au sein du parti travailliste, alors que Peres qui assurait depuis près de deux ans la direction "provisoire" de cette formation était donné grand favori par les sondages.
Peres, prix Nobel de la paix 1994 pour les accords d’Oslo avec les Palestiniens conclus en 1993, entendait poursuivre l’alliance avec Sharon. Amir Peretz, de petite taille, une «moustache poivre et sel» devenue son image de marque. Il a organisé à plusieurs reprises des grèves générales pour dénoncer la politique économique ultra-libérale du gouvernement Sharon. Il a grandi à Sdérot, une ville pauvre du sud d’Israël, cible de la plupart des roquettes tirées par les Palestiniens à partir de la bande de Gaza. Après son service militaire parmi les troupes parachutistes et une grave blessure qui le condamnera pour un temps au fauteuil roulant, il se lance en politique sous les couleurs travaillistes. Il remporte la mairie de Sdérot, qu’il occupe de 1983 à 1988, date de son entrée au Parlement. En 1999, il est réélu à la Knesset à la tête de «Am Ehad» (Un seul peuple), sa propre formation, résolument orientée sur le combat social. En mai 2004, Shimon Peres, conscient du rôle moteur qu’il pourrait avoir, le convainc de revenir au parti travailliste.