Dimanche, Deniz Baykal, dirigeant du seul parti d’opposition représenté au Parlement turc, a estimé que l’interdiction de siéger faite à Recep Tayyip Erdogan devait être levée afin qu’il puisse devenir premier ministre. Son parti, celui de la justice et du développement (AKP), a en effet très largement remporté les élections législatives du 3 novembre.
Erdogan ne pouvait alors être candidat et ne peut toujours pas devenir chef du gouvernement parce que la justice l’a reconnu coupable de « sédition islamiste ». Deniz Baykal, du parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) a déclaré que le Parlement devait adopter des amendements à la Constitution pour autoriser Erdogan à diriger le pays.
L’ancien maire d’Istanbul, la plus grande ville du pays, avait déjà purgé quatre mois de prison en 1998 après avoir récité lors d’un rassemblement politique un poème religieux comparant les minarets à des baïonnettes, les coupoles des mosquées à des boucliers et les mosquées proprement dites à des casernes. MIl avait aussi été frappé d’inéligibilité pour « incitation à la haine religieuse ». Aujourd’hui son parti dispose de plus de 330 sièges sur les 550 que compte le Parlement. Mais la Constitution turque ne permet pas à une personne qui n’est pas député de devenir premier ministre.
Quant à la question de l’intégration du pays au sein de l’UE, les réactions ont continué de pleuvoir après les propos de l’ex-président français Giscard d’Estaing. Pierre Moscovici a ainsi affirmé dimanche que l’Europe n’était pas « un club chrétien » et a souligné que la candidature d’Ankara à l’entrée dans l’Union devait être étudiée « avec objectivité », à partir des mêmes critères que pour les autres pays. L’ex-ministre socialiste des affaires européennes, représentant français à la Convention sur l’avenir de l’Europe – présidée par M. Giscard d’Estaing – a ajouté que « dans l’Europe élargie que nous bâtissons, une Europe de 500 millions de personnes, il y a, il y aura des Musulmans, qui y ont leur place ».