Initialement, il songeait former un gouvernement large de 24 ministres, qui a obtenu l’approbation du Fatah, le principal mouvement de libération palestinien dirigé par le Président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat. Il semblerait donc, malgré le boycott des Etats-Unis et d’Israël, que ce dernier soit en mesure d’exercer une influence profonde sur le cabinet en gestation. Le portefeuille-clé de l’Intérieur aurait été attribué au général Nasser Youssef qui devait encore hier fixer avec Qoreï et Arafat ses prérogatives. Le ministre délégué aux Affaires de sécurité Mohamed Dahlan, qui avait été nommé dans le précédent gouvernement par M. Arafat, a été écarté et son poste supprimé. Yasser Arafat a en outre annoncé lui-même à la presse à Ramallah être guéri du malaise dont il souffrait, après avoir été examiné par une équipe médicale jordanienne composée notamment de son médecin personnel, un neurologue. Un haut responsable palestinien, Saïb Erakat avait indiqué que M. Arafat souffrait d’une mauvaise grippe, alors que des rumeurs selon lesquelles ce dernier était gravement malade avaient circulé à Ramallah. Sur un autre plan, le Premier ministre israélien Ariel Sharon a affirmé maintenir le tracé du mur de la honte le long de la Cisjordanie malgré l’opposition des Etats-Unis : le secrétaire d’Etat adjoint chargé des Affaires proche-orientales, William Burns a estimé récemment que le refus de cesser de construire des colonies et la poursuite de l’édification de ce mur dans son tracé initial menaçait l’avenir d’Israël en tant qu’Etat. Il a lancé cet avertissement dans un discours prononcé à Detroit devant un forum économique américano-arabe sur les moye,s de favoriser la croissance, le développement et le commerce entre les Etats-Unis et le monde arabe. «Le fait est que les colonies de peuplement continuent à croître aujourd’hui, encouragées par une politique gouvernementale précise et à un coût énorme pour l’économie d’Israël. Cela continue alors qu’il devient clair que la logique des implantations et la réalité démocratique risquent de menacer l’avenir d’Israël en tant que démocratie juive», a-t-il soutenu. William Burns faisait allusion aux prévisions des démographes selon lesquelles les Juifs deviendront minoritaires dans la zone comprenant Israël, la Cisjordanie et Gaza d’ici l’an 2020. En Israël, Marwan Barghouti, le chef du Fatah pour la Cisjordanie, jugé pour meurtres pour lesquels il risque la prison à vie, a comparu pour la dernière fois devant un tribunal de Tel-Aviv. « Il n’y a qu’une solution, deux Etats pour les deux peuples, ou alors le sang continuera de couler, a-t-il lancé à la cour dont il ne reconnaît pas la compétence de le juger, en prononçant son propre plaidoyer. «Je suis contre le meurtre d’innocents. Mais, nous devons combattre l’occupation de nos territoires. Nous voulons un Etat… je suis fier de la résistance à l’occupation israélienne. Mourir est mieux que de vivre sous occupation ». «L’Intifada est une réaction claire à l’occupation et à la colonisation ainsi que l’expression de la frustration du peuple palestinien devant la non-application des accords d’Oslo», a déclaré M. Barghouti dans un hébreux parfait appris lors d’un précédent séjour dans les prisons israéliennes durant la première Intifada. Il s’est déclaré confiant que la seconde Intifada fera comprendre à Israël que « le peuple palestinien ne peut être mis au pas par la force ». En Israël, quelque 50.000 employés du secteur public poursuivent une grève illimitée pour protester contre des projets de suppression de postes, dans le cadre du programme d’austérité du cabinet Sharon qui prévoit des réductions de dépenses de 2,2 milliards de dollars. Décidément, l’impact de l’Intifada sur le vécu quotidien des Israéliens ne cesse de se faire sentir.