Amram Mitzna est le nouveau chef du parti travailliste israélien. Le maire d’Haïfa, qui passe pour le leader de l’aile colombe du Parti, a été élu à une majorité écrasante des suffrages exprimés face à son principal rival, l’ancien ministre de la défense et chef sortant du Parti, Benjamin Ben Eliezer, représentant des faucons.
Le troisième candidat, le député modéré Haïm Ramon vient très loin derrière. Amram Mitzna aura pour première tâche de mener les Travaillistes aux législatives du 28 janvier, qu’il a apparemment peu de chances de remporter, face au Likoud d’Ariel Sharon.
Durant sa campagne pour la présidence du parti travailliste, Mitzna s’est prononcé pour le démantèlement des colonies israéliennes de la bande de gaza et d’implantations isolées en Cisjordanie. Le nouveau chef des Travaillistes, qui revendique l’héritage de feu Rabin, l’artisan, côté israélien, des accords d’Oslo, se déclare prêt à relancer les négociations avec l’Autorité palestinienne et oeuvrer avec Yasser Arafat à la recherche d’une formule de compromis sur Jérusalem-Est, la partie arabe de la ville sainte occupée par Israël La situation explosive qui prévaut aussi bien en Israël que dans les territoires palestiniens autonomes réoccupés place la droite emmenée par Sharon dans la position de grand vainqueur des législatives du 28 janvier prochain.
Mitzna réitère son intention de reprendre les négociations avec l’Autorité palestinienne, que Sharon juge disqualifiée, pour sceller le statut définitif de la Cisjordanie. Il promet aussi en cas de victoire un retrait complet et sans délai de la bande de Ghaza, où vivent quelque 7.000 colons juifs aux côtés d’un million de palestiniens. Le nouveau patron du parti Travailliste s’est prononcé à plusieurs reprises en faveur de la création d’un Etat palestinien. Son succès en tant que maire d’Haïfa à faire cohabiter Arabes et juifs en bonne intelligence et son passé militaire en font un candidat crédible apte à apporter la paix et la coexistence pacifique aux Israéliens.
En face, les membres du Likoud vont eux aussi désigner leur chef lors de primaires le 28 novembre. Ils devront choisir entre Sharon et Netanyahu, blanc bonnet, bonnet blanc, puisque tous les deux militent pour l’extermination du Peuple palestinien. Les sondages donnent Sharon vainqueur.
Dans tous les cas, le statu quo politique est définitivement remis en cause en Israël : Mitzna a d’ores et déjà annoncé qu’il refuse de participer à un gouvernement d’union nationale dominé par les partis de droite et d’extrême droite. Une rupture sans appel avec la vieille garde du Parti travailliste, menée par Ben Eliezer et Shimon Peres, qui pendant vingt mois ont fait partie du gouvernement Sharon, brouillant l’image de leur parti transformé en annexe du Likoud. D’autre part, cinq palestiniens, dont un adolescent, ont été tués mardi soir en Cisjordanie par une unité de l’armée israélienne. Cette même armée a arrêté 35 palestiniens à Ghaza. Sur le plan diplomatique, la France a vivement critiqué l’extension de la colonisation israélienne à Hébron.