L’affaire a débuté lorsque Bùlent Ersoy (53 ans), l’une des chanteuses les plues connues du pays, a affirmé sur une chaîne de télévision avoir été approchée par Deniz Baykal, leader du parti Républicain du peuple (CHP, social-démocrate), plusieurs fois ministre et figure respectée de la classe politique.
Mme Ersoy, à l’origine un homme, s’était attirée les foudres de la junte militaire au pouvoir en Turquie après le putsch militaire de 1980 en se faisant opérer à Londres pour un changement de sexe, les autorités lui interdisant de monter sur scène pendant plusieurs années.
M. Baykal, lui-même interdit de politique après le coup d’Etat, travaillait alors comme avocat et aurait, selon Mme Ersoy, réclamé la somme de 100 millions de livres turques – 60 euros au cours actuel mais une fortune à l’époque – pour une démarche qui aurait permis à la chanteuse de retrouver la scène musicale.
Lors d’une conférence de presse mercredi, suivie par une horde de journalistes, la chanteuse a répété ses accusations.
La personne qui a réclamé cette somme faramineuse "est M. Deniz Baykal, président du très respectable CHP (…) Nous nous sommes rencontrés à Ankara", a-t-elle notamment dit.
M. Baykal a rejeté les accusations, affirmant n’avoir eu qu’une courte conversation téléphonique avec l’intéressée et démentant avoir demandé une quelconque somme d’argent.
Selon son entourage, il devrait intenter un procès contre la chanteuse pour diffamation.
Les principaux journaux turcs consacraient jeudi leur "Une" à cette controverse qui pourrait ternir l’image de M. Baykal, dont le parti ne cesse de chuter dans les sondages d’opinion.