Lundi, trois hommes arrêtés vendredi soir et dimanche dans le sud de Londres étaient toujours interrogés. Parmi eux ne figure aucun des quatre hommes filmés par des caméras de surveillance le 21 juillet, après les attentats manqués dans le métro et dans un bus, a cependant indiqué une source proche de l’enquête.
En dépit d’une traque impitoyable, et alors que leurs photos étaient affichées partout dans le métro à Londres, les quatre hommes se sont volatilisés.
Lundi, la presse britannique avançait l’hypothèse qu’ils fassent partie d’une cellule basée à Londres, originaire d’Afrique de l’Est. Scotland Yard interrogé n’a ni confirmé ni démenti.
Selon The Independent notamment, un appartement perquisitionné par la police dans le sud de Londres, proche de celui du jeune Brésilien tué lors d’une tragique bavure policière, était occupé par trois hommes d’origine éthiopienne ou somalienne. "C’était des musulmans très croyants, on pouvait les entendre prier de l’étage en dessous", a confié un voisin au quotidien.
La police a également confirmé qu’elle enquêtait sur la possibilité d’un "lien" entre les deux cellules terroristes, dont certains membres pourraient s’être retrouvés dans un centre de rafting au Pays de Galles.
Paul O’Sullivan, le directeur du centre Canolfan Tryweryn, proche de Bala (300 km au nord-ouest de Londres), a indiqué à l’AFP qu’il avait reçu la visite de la police, et que Mohammed Sidique Khan et Shehzad Tanweer, deux des auteurs des attentats du 7 juillet, étaient venus au centre le 4 juin au matin pour une descente de deux heures sur la rivière Tryweryn. L’après-midi, a-t-il ajouté, "un deuxième groupe de la même origine ethnique", est également venu faire du rafting.
Depuis trois semaines, la police a vérifié des centaines de témoignages, procédé à une douzaine de perquisitions à Leeds (nord), en liaison avec les premiers attentats qui avaient fait 56 morts et 700 blessés. Trois des kamikazes supposés, d’origine pakistanaise, morts dans l’explosion de leurs bombes, venaient de cette ville ou de ses environs.
Elle a également interrogé pendant plus de 10 jours un homme de Leeds non identifié, qui a été relâché sans inculpation au début du week-end.
Elle a aussi effectué plusieurs perquisitions à Londres, après les attentats ratés du 21, et étudie un "objet" découvert dans un parc du nord-ouest de la ville, qui pourrait être une bombe semblable à celles retrouvées dans le métro et dans un bus ce jour là.
L’enquête l’a également menée en Egypte, et au Pakistan, sans résultat.
Un biochimiste égyptien Magdi el-Nachar, 33 ans, vivant à Leeds et en vacances au Caire, a été blanchi par les enquêteurs égyptiens selon lesquels il n’a joué "aucun rôle dans les attentats" du 7 juillet.
Au Pakistan, en dépit de centaines d’arrestations dans les milieux islamistes, tous les efforts pour remonter jusqu’aux auteurs de ces attentats, dont deux au moins s’étaient rendus au Pakistan à deux reprises depuis 2003, n’ont pas abouti.
Les responsables pakistanais ont notamment démenti l’arrestation d’un Britannique musulman, Haroon Rashid Aswat, présenté par divers médias occidentaux comme le "cerveau" possible des attentats du 7 juillet.
Faute de résultats, l’impatience, couplée à l’inquiétude de nouvelles attaques, augmente en Grande-Bretagne.
Le Daily Telegraph (droite) soulignait lundi dans un éditorial que les auteurs des attentats du 21 juillet, vus par des dizaines de témoins, s’étaient enfuis en plein jour d’un réseau du métro censé être en état d’alerte maximal, laissant derrière eux une mine d’indices. Et il posait la question: Scotland Yard "a-t-elle le chef qu’elle mérite"?
BRIGITTE DUSSEAU
AFP