L’un des suspects, qui a ouvert le feu dans la banlieue de Sydney sur des policiers qui le sommaient de s’arrêter, a été grièvement blessé au cours de l’échange de tirs et hospitalisé. Une seconde arme de poing a été découverte dans le sac à dos qu’il portait, selon la même source.
Plusieurs centaines de policiers fédéraux assistés d’hélicoptères ont mené des raids dans une vingtaine de maisons des environs de Melbourne et de Sydney où des substances chimiques pouvant servir à la fabrication de bombes ont été saisies ainsi que des ordinateurs.
"Les suspects de Sydney avaient rassemblé des substances chimiques de la nature de celles utilisées lors des attentats à Londres", a déclaré le procureur Richard Maidment devant le tribunal où comparaissent les prévenus arrêtés à Melbourne.
Abu Bakr, un imam radical d’origine algérienne qui avait par le passé qualifié Oussama ben Laden de "grand homme", a été inculpé pour "organisation d’activité terroriste". Il est soupçonné par le magistrat d’être le cerveau des deux groupes de Sydney et Melbourne "dédié à la cause d’un Djihad (guerre sainte) violent".
Ses co-prévenus ont été inculpés pour complicité.
"Nous avons stoppé ce que je qualifierais d’étape finale d’une attaque terroriste à grande-échelle ou de lancement d’une attaque terroriste en Australie", s’est félicité le chef de la police de l’Etat de Nouvelle-Galles-du-Sud, Ken Moroney.
Selon les enquêteurs, les suspects placés sous surveillance dans le cadre de l’enquête initiée il y a 16 mois, ont effectué des repérages sur plusieurs cibles potentielles comme l’Opéra et le Harbour Bridge de Sydney, ainsi que les gares et la bourse de Melbourne.
Cette opération est intervenue juste quelques jours après que le gouvernement eut fait passer en urgence jeudi dernier un amendement à la législation antiterroriste. Ce texte permet à la police d’intenter une action contre toute personne suspectée d’activités terroristes dès les étapes préparatoires d’attentats et sans attendre de disposer d’éléments concrets.
Le Parlement a par ailleurs été saisi la semaine dernière d’autres propositions de loi antiterroristes, qui devraient être adoptées à la fin du mois, et qui accorderont à la police et aux agences de sécurité le droit de garder en détention des suspects durant deux semaines sans inculpation.
Les forces de sécurité pourront en outre être autorisées à "tirer pour tuer" dans certaines circonstances.
L’adoption par le Sénat de l’amendement à la législation antiterroriste était intervenue lors d’une séance extraordinaire demandée par le Premier ministre John Howard après qu’il eut évoqué des "informations spécifiques sur la possibilité d’un attentat terroriste".
Il était cependant revenu par la suite sur ses déclarations sur une menace d’attaque terroriste, après des critiques de l’opposition dénonçant une stratégie visant à faire adopter un texte jugé liberticide.
"Lorsqu’il s’agit de la sécurité des Australiens et de l’Australie il n’y a pas de place pour les manipulations politiques", a déclaré mardi à des journalistes le Premier ministre John Howard.
L’Australie n’a jamais été victime d’actes terroristes sur son sol mais 88 de ses ressortissants ont compté parmi les 202 morts des attentats survenus sur l’île indonésienne de Bali en octobre 2002. Un nouvel attentat à Bali a tué quatre autres Australiens le 1er octobre, parmi les 23 morts dont les kamikazes.