Le ministre israélien des Affaires étrangères s’est entretenu mardi avec le ministre indien de la Défense sur la lutte contre le terrorisme. Mais c’est surtout de coopération militaire et de vente d’armes qu’il s’agit. Les deux hommes «ont échangé leurs points de vue concernant la situation en matière de sécurité, de terrorisme, et de coopération dans le domaine de la défense». En fait, la coopération militaire entre les deux pays est un processus de longue date.
Le 22 novembre 2001, New Delhi avait abrité des discussions entre hauts responsables des deux pays, sur le renforcement de la coopération militaire, avec la mise en place de structures institutionnelles similaires à celles en voie de finalisation avec les Etats-Unis. Le développement commun d’un système de défense intégré contre les missiles balistiques est également à l’ordre du jour avec l’intégration du radar «Greenpine», dont sont équipés les missiles Arrow israéliens, dans le système-radar de l’armée indienne pour en faire un bouclier anti-missiles. Israël va également fournir des armes, tels les missiles «Barak», à New Delhi, soucieuse d’améliorer la puissance de feu de ses unités navales.
Le 24 décembre, le quotidien israélien Haaretz avait affirmé que Washington avait donné son feu vert de principe pour la vente à l’Inde d’avions radar israéliens de type Falcon et d’un appareil de transport russe Ilyouchine-76 couplé avec un système radar d’alerte ultra-sophistiqué Awacs, d’une valeur estimée à 250 millions de dollars. Il y a plusieurs mois, Haaretz avait fait état d’un contrat de livraison d’armements israéliens à l’Inde portant sur un total de 2 milliards de dollars… Et là, on n’aborde pas une éventuelle coopération dans le domaine du nucléaire…
Et, comme Tel-Aviv est soucieuse d’améliorer ses revenus, Peres n’hésite pas à faire le jeu du lobby de l’armement israélien, en affirmant qu’ «Israël et l’Inde voient le monde avec les mêmes yeux». «Les deux pays ne font qu’un lorsqu’il s’agit de lutter contre le terrorisme», a-t-il dit lundi à l’issue d’entretiens avec le ministre indien de l’intérieur, Lal Krishna Advani, numéro deux du gouvernement et considéré comme un faucon à l’égard du Pakistan. Selon Peres, «les services de sécurité des deux pays entretiennent des relations exceptionnelles».
Il y a de quoi être inquiet à l’égard de tout ce qui peut ressembler à un Musulman dans les deux pays. Pendant longtemps, l’Inde a traité Israël comme un Etat paria. Les relations diplomatiques n’ont été établies qu’en 1992. Depuis 1998, et l’arrivée au pouvoir à New Delhi de nationalistes hindous, les relations se sont sensiblement améliorées, en particulier dans le domaine militaire. Peres a d’autre part affirmé qu’il souhaitait constituer une «alliance anti-terroriste» avec l’Inde visant notamment l’Iran. Téhéran s’est, pour sa part, déclaré inquiet de l’activité d’Israël dans le sous-continent indien, qualifiant d’ «étrange» la visite de Peres à New Delhi. Pas si étrange que cela.