Telle une poussée de fièvre, la violence, omniprésente sur le terrain en Irak, prend de plus en plus d’ampleur avec l’approche du 30 juin. L’imminence du transfert du pouvoir aux Irakiens semble sustenter les partisans de l’instabilité du pays.
A lui seul, le week-end aura laissé une vingtaine de victimes derrière lui, tous de nationalité irakienne, dont deux hauts fonctionnaires. Bassam Koubba, sous-secrétaire aux Affaires étrangères, chargé des Organisations internationales et de la Coopération, fut assassiné samedi par balles. Ayant servi sous le régime déchu, l’homme avait occupé le poste d’ambassadeur à Pékin. À l’origine du meurtre, un inconnu qui ferait partie, selon une source du ministère, des partisans de Saddam Hussein.
L’autre haut fonctionnaire, Kamal Jarrah, directeur des Relations culturelles du ministère de l’Éducation, trouvera la mort dans des circonstances identiques, tué par balles au moment où il se rendait à son travail. « Il a été atteint de plusieurs balles devant sa femme et a été transporté à l’hôpital Al-Yarmouk où il a quitté la vie », a indiqué à l’AFP Abdel Khalek Al-Amer, chef de cabinet du ministre de l’Éducation.
Les victimes comptent également parmi elles un professeur de l’Université de Bagdad, assassiné selon le même procédé à la sortie du campus, en plus de civils et de policiers irakiens. Dans la seule journée du dimanche, douze Irakiens ont trouvé la mort dans un attentat à la voiture piégée. Un attentat qui, vraisemblablement, ciblait une base américaine abritant une école militaire. « Le conducteur circulait sur le mauvais côté de la chaussée en direction de la base et lorsque des voitures de police ont tenté de l’intercepter, il a décidé de se faire exploser », a indiqué à l’AFP Abdoul Razzak Khadem, un capitaine de la police irakienne le 30 courant. Cette recrudescence de la violence est sans nul doute en corrélation avec le transfert du pouvoir aux Irakiens. En effet, des prévisions en ce sens avaient été faites par l’Administration américaine, évoquant la multiplication des attentats à la veille du 30 juin.
Les prises d’otages, devenues légion, accompagnées des récentes effusions de sang, sont à même de confirmer ces tristes augures. Des otages ont toutefois pu recouvrer la liberté, alors que d’autres ont payé de leur vie la confusion qui règne dans le pays.
Les assassinats ciblés et l’interminable série d’attentats sont autant d’agissements qui installent une chape de flou sur leurs commanditaires et les mobiles qui les animent. Le peuple irakien aspirant à la liberté, mais avant tout à une paix dont il a perdu le goût, comment se fait-il que des Irakiens se plaisent toujours à semer la désolation et à garder le statu quo d’une situation exécrable? D’autant plus que ce sont des Irakiens qui payent un lourd tribut dans cette spirale de la violence. Le moins que l’on puisse dire, c’est que nous sommes à des années-lumières de ce qui est communément appelé « résistance ».