«L’inculpation indique que j’ai commis une trahison», a ainsi déclaré lundi à la presse Morgan Tsvangirai précisant qu’on l’accuse d’«avoir sciemment et intentionnellement planifié l’assassinat» du président. «Le chronométrage est évident, nous allons avoir une élection présidentielle » (les 9 et 10 mars prochain).
«La stratégie de la ZANU-PF (Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique, au pouvoir) est de me tenir écarté de la compétition électorale, a-t-il alors ajouté. Morgan Tsvangirai, dirigeant du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) a d’ailleurs été interrogé au commissariat central d’Harare, puis curieusement relâché. Pratique que son avocat, Me Innocent Chagonda, a qualifiée d’«inhabituelle» compte tenu de charges aussi sérieuses… «Je suppose qu’ils (ZANU-PF) estiment que je serai plus nuisible en étant derrière les barreaux», a ajouté M. Tsvangirai.
Cette affaire de «haute trahison» remonte en fait au 13 février dernier lorsqu’un ancien agent secret israélien a soutenu, sur la chaîne australienne Special Broadcasting Service (SBS), que M. Tsvangirai fomentait un attentat contre le président Mugabe. Ari Ben-Menashe a alors affirmé avoir filmé un entretien avec le président du MDC en décembre 2001 à Montréal. Aujourd’hui responsable de Dickens and Madsen (société canadienne de consultants), il doit d’ailleurs être entendu par la police. Ce nouveau rebondissement – «une nouvelle tentative du régime de Mugabe pour empêcher le déroulement de l’élection», selon Londres – intervient par ailleurs dans un contexte très tendu après de nouvelles agressions contre des observateurs internationaux.
La responsable de la délégation de 20 Sud-Africains s’est ainsi déclarée lundi «très inquiète» pour la sécurité de son équipe après les attaques dont ont été victimes trois de ses membres ce week-end.