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Aux yeux d’Abdelilah Benkirane: S’attaquer aux injustices au lieu des inégalités

© D.R

«Comment faire pour corriger toutes les inégalités ? Est-ce souhaitable et possible?». La question des inégalités est tellement épineuse qu’Abdelilah Benkirane s’interroge, mercredi à Rabat, sur sa nature également.

«Est-ce que les inégalités constituent un problème ou une problématique ?», enchaîne le chef de gouvernement lors du séminaire international consacré à l’enjeu crucial des inégalités pour le développement du Maroc. Pour répondre à l’ensemble des questionnements posés, Benkirane estime que «certaines inégalités sont indéniablement susceptibles d’être corrigées mais pas toutes». Et au lieu d’inégalités, il préfère un autre mot.

Inspiration iranienne

Le chef de gouvernement, dont le discours ne manque pas de sens d’humour comme à l’accoutumée, ne manque pas d’évoquer, lors de son passage à l’événement initié en partenariat avec la Banque africaine de développement, une visite à un savant iranien lors d’un séjour au pays de la Perse.
«Le savant m’a parlé de classification des valeurs. A un moment, il m’a dit que la justice est une valeur plus importante que l’égalité. Je pense qu’il a raison !», estime M. Benkirane qui trouve que «les inégalités existent par la nature des choses». C’est pourquoi il préfère l’approche raisonnable du savant iranien. «Nous devrions nous attaquer aux injustices dans notre société !», enchaîne-t-il. Ceci est la volonté du chef de gouvernement, mais que pensent les Marocains des inégalités ?

Perceptions des marocains

L’événement était également l’occasion pour Ishac Diwan, professeur à l’Université Harvard, de présenter une enquête autour des inégalités et égalités à travers les perceptions des Marocains. Bien que cette étude, réalisée  sur la base de données de la Banque mondiale et l’enquête de Gallup, remonte à 2012, ses résultats, portant également sur le bonheur, semblent toujours d’actualité.
Il ressort de cette enquête, ayant ciblé 1.000 personnes et un certain nombre de pays arabes, que la mesure du bonheur varie selon les âges et les niveaux d’éducation.

«Le bonheur chez les Marocains est égal à travers les âges. Il n’existe pas de cassure générationnelle dans ce sens», détaille le professeur en établissant un rapport avec l’éducation. «La courbe marocaine consacrée à l’éducation va du plus bas au plus haut. Il existe plein d’inégalités à travers les couches sociales dans différents niveaux d’éducation», précise Pr. Diwan avant d’aborder les inégalités. «Les Marocains perçoivent beaucoup plus les inégalités que les autres pays arabes. Là aussi il n’existe pas de cassure générationnelle», explique le professeur en précisant que ce sont les non-éduqués qui veulent la distribution des richesses.

Par l’occasion, l’intervenant ne manque pas d’attirer l’attention sur l’émancipation sociale qui s’est faite rapidement chez les jeunes marocains. Cependant, l’un des résultats de l’enquête semble être assez étonnant. «Les Marocains ont une certaine tolérance pour les différences sociales», avance Pr. Diwan en s’exprimant sur une inquiétude. «La valeur de la confiance en cohésion sociale baisse avec le temps», ajoute-t-il.

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