Le torchon brûle entre les deux prétendants au poste de secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme.
A quelques semaines des Assises du 9ème congrès prévu à la fin de ce mois, le ton entre Mohamed Nabil Benabdallah, l’actuel secrétaire général, et son compétiteur, M’Hammed Grine, membre du bureau politique, s’est nettement durci et la polémique qui a longtemps couvé sous le voile de la civilité partisane est devenue publique.
A la suite de la parution d’informations dans certains médias selon lesquelles le secrétaire général du PPS aurait usé de son influence pour empêcher la diffusion d’une déclaration de son rival sur les antennes de la télévision, Mohamed Benabdallah a dû publier un démenti. Contacté par ALM, le ministre n’y est pas allé par quatre chemins. «C’est un mensonge. La preuve de la mauvaise foi de l’auteur de ces déclarations, c’est qu’on a voulu créer un amalgame entre le ministère et le parti. Il faut préciser que le membre de mon cabinet dont il est fait référence est M. Karim Taj. Il s’agit d’un membre du bureau politique avant d’être membre de mon cabinet.
Si on s’attaque à Taj, c’est qu’on s’attaque à moi et si on s’attaque à moi, on me trouvera», a affirmé Mohamed Nabil Benabdallah. Et de conclure : «Voyant qu’elle n’a pas beaucoup d’espoirs pour l’avenir, cette personne cherche à créer des problèmes».
Déjà dans son démenti, Benabdallah a voulu faire la lumière sur une prétendue intervention qu’il aurait faite pour empêcher la diffusion d’une déclaration de son challenger sur les antennes de la télévision et s’est défendu d’avoir le pouvoir ou même la volonté d’empêcher quiconque des membres de faire des déclarations aux médias. Dans un souci apparent de transparence, l’actuel secrétaire général du PPS s’est également attaché à clarifier les ressorts de la conférence de presse donnée lundi dernier à Rabat. Il a pris le soin d’expliquer dans son communiqué que l’événement a été «organisé par le Bureau politique du parti et qu’il entrait dans le cadre des préparatifs du 9ème congrès».
Plus précisément, a-t-il ajouté, il s’agissait de présenter les documents du congrès par le secrétaire général du PPS qui en est également le porte-parole officiel. Outre que cette prérogative de se prononcer seul au nom du parti – à l’exclusive de tout autre-, est contestée par M’Hammed Grine qui estime que le PPS appartient à tous ses membres et que ceux-ci ont droit de regard sur les affaires de leur formation politique et droit d’expression et d’avis sur les décisions prises ou à prendre, le nouveau candidat aux élections au poste de secrétaire général s’insurge contre le principe de l’interdiction même. Contacté par téléphone, il a dit son attention de publier un communiqué dans lequel il relate le déroulé de l’affaire.
Il a affirmé qu’ayant donné une courte déclaration à la première chaîne dans le cadre de la conférence de presse du 7 mars, un membre du cabinet du ministre de l’habitat, par ailleurs responsable de la communication au parti, serait intervenu pour que cette déclaration soit interdite d’antenne. Selon M’Hammed Grine, ces faits lui auraient été confirmés par des responsables de la première chaîne auprès desquels il a cherché à en vérifier la véracité. De surcroît, après avoir téléphoné au SG du PPS pour en savoir plus, le challenger aurait reçu en réponse un SMS dont le libellé a été par lui qualifié de critiquable.
En fin de compte, a déclaré Grine, la déclaration est passée en même temps que le reportage, mais écourtée. Toute cette affaire, a-t-il ajouté, montre que certains de ceux qui se font les chantres de la démocratie ne sont pas démocrates. «Ce sont des démocrates non pratiquants», a-t-il conclu non sans humour.
L’épisode de l’implication directe des services de la première chaîne a conduit le ministre de la communication à publier un bref communiqué dans lequel il dément être intervenu pour interdire le passage sur les antennes de la première chaîne de la déclaration d’un responsable de formation politique au sujet du prochain congrès d’un des partis nationaux.
PAR Ahmad Salaheddine
et Mohamed Badrane