Deux semaines après la présentation par le chef de gouvernement de son bilan, les parlementaires ont à leur tour présenté leur version des choses. Le bilan a été donc positif pour les partis de la majorité alors qu’il est plutôt décevant du côté de l’opposition.
Les principales formations de l’opposition, à savoir l’USFP (Union socialiste des forces populaires), l’Istiqlal et le PAM (Parti authenticité et modernité) ont donc cloué au pilori l’équipe gouvernementale.
Hakim Benchemass, le président du groupe Authenticité et Modernité à la deuxième Chambre, a parlé d’une situation économique nationale inquiétante, conjuguée à un repli des taux de croissance et l’absence de solutions de la part du gouvernement pour la réalisation d’une croissance forte, durable et créatrice d’emplois. Benchemass enfonce encore plus l’équipe gouvernementale en parlant d’une confusion, une hésitation et une improvisation loin de toute approche participative dans le traitement de dossiers décisifs comme la compensation. De son côté, le numéro un des socialistes à la première Chambre, Driss Lachgar, a considéré que les réformes engagées par le gouvernement concernant notamment la justice et la société civile ont été marquées par une «marginalisation» de plusieurs acteurs et intervenants. Lachgar a également parlé de «tentatives de manipulation idéologique dans le secteur des médias».
Sur le plan économique, il a évoqué le taux de chômage, qui est passé à 10,2% au terme du premier semestre 2014 attirant l’attention sur la dépréciation de la consommation des ménages à cause des hausses successives des prix des produits de base et des carburants. Pour sa part, Hamid Chabat, le secrétaire général de l’Istiqlal, a reproché au chef de gouvernement de vouloir mettre la stabilité du pays dans la liste des réalisations gouvernementales ajoutant que c’est cette même stabilité dont jouit le Maroc qui a permis à M. Benkirane d’arriver au gouvernement. «Le discours du chef de gouvernement a consacré une grande partie aux contraintes, au contexte et aux conjonctures», a t-il dit. Et de poursuivre : «Le gouvernement travaille sans un véritable programme gouvernemental (…) il est donc normal que l’Exécutif souffre de l’hésitation, de la lenteur du rythme du rendement et de la faiblesse des réalisations». Face à ce déluge de critiques de la part de l’opposition sur l’action du gouvernement, les groupes de la majorité ont donc pris la défense du cabinet Benkirane.
Dans ce sens, le député Abdelaziz El Amri du PJD a affirmé que le gouvernement a fait preuve de beaucoup d’audace en lançant des réformes structurelles, sans cesse reportées, en l’occurrence le système fiscal, les secteurs bancaire et financier, la révision des modes de gestion des finances publiques et de traitement des dysfonctionnements majeurs des caisses de compensation et de retraite.
Sur le plan social, il a affirmé que le gouvernement a consacré, entre 2012 et 2014, environ 53% du budget annuel au secteur social et plus de 50 milliards DH à la mise en œuvre de l’accord du 26 avril, outre la hausse du salaire minimum interprofessionnel garanti, de la pension minimale des retraites et des bourses universitaires.
Pour sa part, Nabil Belkheyat, du Mouvement populaire (MP), a signalé que les contextes national et régional difficiles n’ont pas empêché le gouvernement de prendre des décisions courageuses fondées sur une approche participative. Selon lui, l’Exécutif a réussi à endiguer la tendance déficitaire des finances publiques, parvenant à contrôler le déficit budgétaire, à réduire le taux d’inflation, à augmenter les réserves nettes en devises et les recettes touristiques.