Politique

Chabat prépare son gouvernement

© D.R

ALM: Quelle est votre réaction par rapport à la décision du Conseil constitutionnel relative à l’invalidation du siège à Moulay Yaacoub ? Et que comptez-vous faire ?
 

Hamid Chabat : Nous respectons évidemment la décision du Conseil constitutionnel en précisant que le parti de l’Istiqlal avait largement mérité son siège à Moulay Yaacoub grâce à la confiance de la population et au choix de notre candidat. Nos militants sont toujours mobilisés pour regagner ce siège et montrer que le parti au pouvoir n’arrive plus à trouver crédit auprès de la population à cause de sa politique d’appauvrissement et ses décisions désastreuses pour le pouvoir d’achat des citoyens marocains. Les prochaines élections partielles à Moulay Yaacoub vont prouver à qui veut l’entendre que le parti de l’Istiqlal est l’alternative fiable pour les échéanciers futurs.

Vous avez, il y a quelques jours, porté plainte contre le chef de gouvernement. Du nouveau dans cette affaire ? Etes-vous réellement prêt à aller  jusqu’au bout ?

Les propos d’Abdelilah Benkirane sont à mettre dans le registre du «populisme». Il s’en prend toujours à l’opposition pour détourner l’attention des lacunes de son gouvernement. Suite à ses accusations, j’ai appelé à l’ouverture immédiate d’une enquête afin de tirer au clair les allégations fallacieuses du chef de gouvernement. Evidemment, nous irons jusqu’au bout. Une commission composée de plusieurs avocats et juristes a déjà été mise en place à cette fin. Je considère que les attaques de Benkirane s’inscrivent dans le cadre d’une campagne orchestrée contre le parti, ses symboles et ses positions politiques. Abdelilah Benkirane continue à pratiquer le terrorisme intellectuel et verbal. C’est son style. A chaque fois qu’il décide d’opérer une hausse des prix sur les matières de base, il s’arrange pour divertir l’opinion publique des vrais problèmes.

Vous accusez donc ouvertement le chef de gouvernement de diffamation…

Vous l’avez dit. Personne n’est au-dessus de la loi. De plus, je tiens à dire au chef de gouvernement que la méthode avec laquelle il a réussi sa bataille électorale ne fonctionnera pas longtemps et a déjà montré ses limites.
 

Pouvez-vous traduire ces propos par des exemples concrets ?

Bien sûr ! Par exemple, lorsque les parlementaires avaient demandé à M. Benkirane de sortir une liste des noms des fraudeurs de ce pays, le chef de gouvernement s’est rétracté. Ce qui démontre qu’il est incapable de mettre fin à la fraude et aux fraudeurs dans ce pays. A contrario et indirectement il est devenu le premier protecteur de la fraude. Aujourd’hui le parti de l’Istiqlal attend le dernier mot de la justice qui, je l’espère, statuera rapidement en notre faveur et donnera un écho à notre cause légitime.

Votre parti avait claqué la porte au nez de la majorité. Avec le recul, vous ne le regrettez pas, sachant que le RNI a finalement pu obtenir tout ce qu’il voulait du gouvernement ?

Je pense que le débat d’aujourd’hui ne porte pas sur les postes à obtenir au sein du gouvernement. Le parti de l’Istiqlal n’a jamais discuté des sièges et des postes. D’ailleurs notre mémorandum du 3 janvier 2013 était clair et basé sur des faits réels, notamment après un an de la constitution de ce gouvernement.

Comme quoi par exemple ?

Dans sa première version, le mémorandum avait mis le doigt sur l’absence de la mise en œuvre du programme du gouvernement comme il avait été convenu auparavant, ainsi que l’inexistence d‘actions participatives au sein de ce même gouvernement. Nous considérons que le programme de M. Benkirane est une pure fraude dans tous les secteurs et n’a rien à voir avec la transparence.

M. Abdelilah Benkirane a exploité des circonstances qui lui ont permis de gagner les élections. Il a exploité le Mouvement du 20 février tout en le vidant progressivement de sa substance. Il est rentré dans une sorte de surenchère avec l’Etat de différentes manières, aux dépens de ce Mouvement.

Oui, mais ce sont les urnes qui ont décidé…

M. Abdelilah Benkirane a profité de la sympathie des Marocains. Il n’a pas respecté les promesses qu’il avait faites avant le 25 novembre 2011.

Pourquoi alors se retirer du gouvernement ?

Nous nous sommes retirés du gouvernement car nous n’étions guère convaincus ni par le chef de gouvernement ni par ses points de vue. Par exemple, la guerre que mène actuellement le gouvernement contre le Haut-Commissariat au Plan. Dans le monde entier, nous n’avons jamais vu un gouvernement, qui se dit démocratique, contrôler les chiffres d’une institution indépendante.

Quel est donc votre plan d’action face à cela ?

A court terme, notre plan d’action porte sur une réaction contre l’augmentation subite des prix du carburant et contre l’arrêt des recrutements décidé par le gouvernement.
Votre parti avait pourtant passé une période relativement longue dans les gouvernements successifs depuis 1998 et vous avez eu tout le temps pour appliquer vos programmes… Le parti de l’Istiqlal a historiquement vécu dans l’opposition beaucoup plus qu’il n’a été au gouvernement. Notre parti est toujours prêt à servir et travailler dans l’intérêt général que ce soit dans l’opposition ou dans la majorité. Aujourd’hui en célébrant les 80 années du parti de l’Istiqlal, nous préparons une décennie 2014-2024. Il s’agit d’un programme intégré, politique, social, culturel et sportif, dans tous les domaines et sur deux mandats.

Donc vous envisagez d’avoir la majorité aux prochaines élections ?

Notre parti se prépare déjà pour le prochain gouvernement, en commençant par la restructuration des liens entre les membres du parti et avec les autres partis. Aujourd’hui, nous avons un accord  avec l’Union socialiste des forces populaires. Nous avons déjà travaillé ensemble au sein de plusieurs gouvernements, de celui de  M. Abderrahman El Youssoufi jusqu’au gouvernement de M. Abbas El Fassi. Nous avons toujours mené une bonne coordination politique. Et je tiens à vous signaler que nous sommes conjointement en train de préparer un programme très important pour le prochain gouvernement.

Concrètement, comment comptez-vous traduire votre alliance avec l’USFP lors des prochaines élections notamment ?

L’alliance avec l’USFP est une alliance naturelle entre frères. Nous avons tenu plusieurs réunions conjointes au niveau de la direction, mais également nous avons commémoré, main dans la main, l’anniversaire du Manifeste de l’Indépendance. Aujourd’hui, nous sommes en train de préparer plusieurs rassemblements dans différentes régions.

Êtes-vous prêt à briguer une première place lors des prochaines Législatives et devenir chef de gouvernement ?

Pour les prochaines élections législatives, nous sommes convaincus que le parti de l’Istiqlal infligera une défaite cuisante au PJD. Nous sommes le seul parti qui sait gérer la chose publique ainsi que l’intérêt du pays. Nous avons déjà entamé une tournée à travers le territoire marocain pour dévoiler nos perspectives et nos projets d’avenir. Pour répondre à votre question, être chef de gouvernement  n’est pas du tout mon objectif et ce n’est pas un problème pour les membres du bureau politique. Notre but est d’abord de regagner la confiance du peuple par l’adoption des lois, d’attirer à nouveau les investisseurs, proposer une réelle action économique, ne pas faire pression sur les institutions indépendantes comme le HCP, etc.

Cela fait un bout de temps que vous êtes à la tête de l’Istiqlal mais le courant «Bila Hawada» conteste toujours votre direction. Comment gérez-vous ce conflit interne ?

Laissez la justice dire son mot.

Un dernier mot … ?

 M. Benkirane devrait démissionner. Chaque mois de plus qu’il passe au gouvernement est une perte pour l’économie nationale. Benkirane est en train de noyer notre pays dans les dettes extérieures.

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