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Débat géostratégique: Le Maroc et Joe Biden à la Maison Blanche…

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Enjeux des présidentielles américaines pour le Royaume

La 22ème édition de l’APD (Agence pour le progrès des dirigeants) Executive Discussion a été consacrée aux enjeux des présidentielles américaines pour le Maroc après l’élection officielle, le 6 novembre, du démocrate Joe Biden à la Maison Blanche. Et ce sont Mustapha Sehimi, professeur universitaire et politologue, et Jawad Kerdoudi, président de l’Institut marocain des relations internationales, qui ont été invités à apporter leur regard respectif d’experts à ce sujet. Des enjeux à décrypter de près…

D’entrée, Mustapha Sehimi soulignera qu’avec «le président sortant, Donald Trump, le Maroc aurait été sur un terrain connu. Les relations étaient privilégiées». Avec l’administration démocrate, l’expert international rappellera que «le Maroc a toujours eu des difficultés relationnelles pour ne citer que l’époque de l’ancien président Jimmy Carter qui avait refusé des ventes d’armes à l’époque au Maroc. Avec l’ancien président Barack Obama, l’épisode de novembre 2015 où il voulait imposer une prolongation de la présence de la Minurso dans les provinces du Sud a jeté de l’huile sur le feu dans les relations bilatérales entre les deux pays… ». Le politologue nuancera, toutefois, car le contexte actuel impose une tonalité entre les Etats-Unis et le Maroc différente et favorable à plus de négociations. «Joe Biden est au centre droit du parti démocrate.

L’actuel président connaît le Maroc pour avoir été invité en novembre 2014 à la 5ème édition du Global Entrepreneurship Summit (GES) à Marrakech. Plus, près de 2.000 personnes lui avaient souhaité joyeux anniversaire, lors de la cérémonie d’ouverture de la plénière. Il avait été reçu deux jours après par le Roi en personne à Fès… Il y a donc des acquis avec le président actuel et il s’agira de capitaliser dessus dans le cadre d’une coopération stratégique», argumentera-t-il. Le professeur universitaire relèvera plusieurs points de convergence dans les préoccupations marocaines et américaines. «La vision stratégique des deux pays est alignée», déclare-t-il. Il fera référence déjà à la lutte antiterroriste qui représente une préoccupation commune. Il rappellera le don de plusieurs chars au Maroc par les Etats-Unis et la programmation régulière des manœuvres US et marocaines… Sur un autre registre, l’Islam modéré que prône haut et fort le Maroc, la position de ce dernier dans le dialogue interreligieux représentent également des atouts certains face à l’administration américaine actuelle. «La stabilité politique dont jouit le Maroc, les nombreuses réformes engagées dans le pays sont favorables à la coopération (…)». Sur la question du Sahara, au-delà des hostilités rencontrées de par le passé avec les démocrates, il est clair que la Résolution faite par le Conseil de sécurité des Nations Unies le 30 novembre dernier est favorable au Maroc. Et le restera.

D’ailleurs, Pr Kerdoudi fera remarquer que c’est l’administration américaine qui rédige les textes de la Résolution. Les acquis sont donc là. Il soulignera pour sa part que «les accords de libre-échange entre le Maroc et les Etats-Unis, entrés en vigueur le 1er janvier 2006, ont permis de multiplier par deux les exportations du Maroc vers le pays de l’Oncle Sam et par trois celles de ce dernier». L’expert des relations internationales soulignera aussi que «160 entreprises américaines sont installées au Maroc et que le programme Millennium Challenge, doté de 450 millions de dollars américains, a été, récemment, étendu aux provinces du Sud dans sa mise en œuvre, ce qui représente une reconnaissance manifeste de la marocanité du Sahara». Le spécialiste des questions internationales rappellera aussi que les républicains ont toujours soutenu le Maroc par rapport aux démocrates. Les faits ont été cités et convergent vers ceux avancés par le premier orateur… L’homme fera remarquer aussi que «dès 2011, le Maroc a concocté un plan de riposte aux hostilités, notamment dans le respect des droits de l’Homme à travers la création de commissions régionales du Conseil national des droits de l’Homme à Laayoune et à Dakhla. Et le Conseil de sécurité onusien l’a reconnu».

En définitive, le Maroc a donc des cartes à jouer dans la coopération multidimensionnelle. «Le Pentagone est très sensible par ailleurs à la politique de lutte antiterroriste que mène le pays depuis des années. Sur le volet religieux, le Maroc a toujours prôné un islam modéré et la récente visite du Pape est un symbole», poursuit Jawad Kerdoudi. Autre point en la faveur du Maroc, le soutien inconditionnel des juifs américains, notamment les séfarades… L’homme recommande aux diplomates marocains de se rapprocher sans plus tarder des démocrates, à travers aussi le Congrès. Il fera savoir aussi que le Sénat reste toujours républicain… De son côté et pour conclure, Mustapha Sehimi fera remarquer que «Donald Trump n’a jamais eu un intérêt économique pour l’Afrique réellement avec les 7 ou 8% des volumes d’échanges que cela représente. Ce qui est sûr c’est que le président Joe Biden a un profil de négociation».

Il est certain que la consolidation continentale qu’est en train d’affiner le Maroc jouera en sa faveur dans les relations avec les Etats-Unis. La position du Royaume en tant que hub stratégique entre le reste de l’Afrique et les autres continents est un atout. La dimension économique a changé. M. Kerdoudi le rappellera clairement : «A terme, il y aura un intérêt pour l’Afrique d’autant plus qu’il existe une lutte acharnée entre les Etats-Unis et la Chine. Et pour devenir une puissance mondiale il faudra s’intéresser à l’Afrique». En clair, l’analyse géostratégique des deux experts aura permis d’éclairer sur tous les aspects qui pourront soit partager ou départager la nouvelle administration américaine dans le bureau ovale. Le rôle diplomatique sera aussi primordial pour activer les cartes en la faveur du Maroc et renouer très vite avec un président qui avait été reçu avec tous les honneurs il y a quelques années dans la ville ocre.
A suivre…

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