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Dégradation de Fitch : Quel impact sur le Maroc ?

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Prochaine sortie internationale, intérêt à taux variable, négociation avec le FMI…

Il y a quelques jours, l’agence internationale de notation Fitch avait dégradé la note du Maroc qui est passée de BBB- à BB+. Le pays perd du coup son «Investment grade». Cela faisait des mois que les responsables marocains craignaient un tel scénario. Les observateurs s’accordent pourtant à dire que le Royaume est parvenu à limiter jusqu’ici l’impact dévastateur de la pandémie de Covid-19 sur ses équilibres financiers.

Une bonne gestion qui a permis au Maroc de conserver son «Investment grade» et négocier ainsi sa dernière sortie sur le marché international avec moins de pression. Si les analystes de Fitch ont expliqué cette révision à la baisse par «le grave impact de la pandémie de coronavirus sur l’économie marocaine, ainsi que sur les finances publiques et extérieures», tout n’est cependant pas perdu pour le Maroc. Car il va falloir attendre les chiffres définitifs sur l’impact de la pandémie sur les ressources publiques et la reprise économique attendue pour l’année prochaine, même si Fitch a basé sa décision concernant la notation du pays sur respectivement «la baisse des recettes budgétaires et la contraction du PIB (produit intérieur brut) conjuguées à une augmentation mécanique de la dette publique sans oublier l’impact sur le compte courant» en raison de la baisse des recettes en devises. De même, le gouvernement compte sur l’utilisation de nouveaux moyens de financement ainsi que la privatisation pour stabiliser la dette à court et moyen termes.

Quoi qu’il en soit, les prochains moins seront décisifs pour comprendre l’impact de cette dégradation sur le pays. Si une nouvelle sortie internationale est d’ores et déjà programmée au cours du prochain exercice budgétaire, rien n’indique que cette sortie aura lieu durant la première moitié de l’année 2021, ce qui laisse une marge de manœuvre pour les responsables. De même, certains pays comme le Japon, même en perdant leur note triple A, étaient parvenus à négocier des prêts avec des taux encore plus bas que des pays conservant la note AAA. L’autre potentiel de la décision de Fitch pourrait concerner les prêts déjà contractés à des taux variables.

Cela dit, plusieurs sources affirment que cette catégorie de prêts représente encore un pourcentage «limité» dans la structure de la dette publique marocaine. Enfin, le Maroc doit négocier avec le FMI (Fonds monétaire international) une nouvelle facilité financière pour les prochaines années. Et pour cause. L’actuelle ligne de précaution et de liquidité (LPL) arrive à échéance à la fin de l’année en cours. Pour rappel, le Maroc avait procédé par précaution, au début de la pandémie, à un tirage sur la totalité de la LPL, soit trois milliards de dollars. Les responsables avaient obtenu auparavant une promesse que ce tirage n’entraverait pas la négociation d’un autre accord avec ce même FMI.

Alors que le Maroc cherche depuis plusieurs années à obtenir une ligne de crédit modulable au lieu et à la place de la classique LPL, les négociations avec l’institution de Bretton Woods risquent d’être un peu plus rudes que prévu à moins que la partie marocaine n’ait encore quelques «biscuits» secrets dans sa poche en cas de besoin…

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PLF 2021

Le projet de loi de Finances pour l’année budgétaire 2021 actuellement discuté au Parlement table sur une croissance économique autour de 4,8% pour le prochain exercice. Il s’agit d’une prévision basée sur un ensemble d’hypothèses portant sur l’environnement national et international. Selon les responsables gouvernementaux et compte tenu des efforts à déployer en matière de la rationalisation des dépenses et des mesures engagées pour disposer de ressources additionnelles, dans le cadre de la poursuite du processus de privatisation, des mécanismes innovants et de la gestion dynamique du patrimoine de l’Etat, le déficit du Trésor sera ramené à 6,5% du PIB contre 7,5% en 2020. Ces prévisions plutôt optimistes n’ont pas suffi pour convaincre les analystes de Fitch. Pour ces derniers, le déficit budgétaire s’établira à 7,9% du PIB en 2020, et 6,5% en 2021, contre 4,1% (hors recettes de privatisation) en 2019. Pour ce qui est des prévisions de croissance, la contraction économique pourra atteindre 6,5%. [/box] [box type= »custom » bg= »#fdd8c6″ radius= »5″]

Le FMI dans les parages

Les moyens de relancer l’économie nationale ont été au menu des discussions entre le président de la Chambre des représentants, Habib El Malki, et une délégation du Fonds monétaire international (FMI). Cette rencontre tenue par visioconférence a été l’occasion d’échanger les points de vue essentiellement sur les moyens de relancer l’économie, le rôle de la Chambre des représentants dans l’élaboration et la mise en œuvre de diverses réformes et les innovations les plus marquantes apportées par le projet de loi de Finances 2021, indique un communiqué de la Chambre des représentants. Saluant les mesures entreprises par le Maroc en vue de faire face à la pandémie, le chef de mission du FMI Roberto Cardarelli a indiqué que la ligne de précaution et de liquidité mise à la disposition du Royaume a permis de renforcer les capacités de l’économie marocaine à absorber les crises et limiter les répercussions négatives de la pandémie, de même qu’elle a confirmé la volonté du FMI d’accompagner l’économie nationale dans la prochaine étape.

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