Politique

Face au débat sur les libertés et en prévision des prochaines élections: La majorité serre les rangs

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Quand un parti à référence islamiste et un autre socialiste font tous deux partie d’un même gouvernement, il est lieu de se demander si un débat national autour des libertés individuelles n’est pas susceptible de créer des dissensions au sein de la majorité.  Depuis le film de Nabil Ayouch jusqu’à l’affaire des jeunes filles d’Inzegane, en passant par la polémique Jennifer Lopez et l’agression du jeune homme de Fès, les affaires de mœurs n’ont laissé aucun répit à l’opinion publique marocaine ces derniers mois.

Cela aurait-il affecté la cohésion du gouvernement ?  «Plus que jamais notre gouvernement est soudé. Nous travaillons tous en harmonie, indépendamment des couleurs politiques», a déclaré mardi soir le chef de gouvernement Abdelilah Benkirane. Cette rencontre organisée par les chefs de partis de la majorité à Rabat ne semblait avoir qu’un seul objectif: assurer la cohésion des composantes de la majorité, à la veille des élections communales prévues en septembre.

Salaheddine Mezouar, président du Rassemblement national des indépendants (RNI), Mohand Laenser, secrétaire général du Mouvement populaire (MP), et Nabil Benabdellah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), étaient tous rassemblés autour d’Abdelilah Benkirane, chef de file du Parti de la justice et du développement (PJD). Tour à tour, ils ont assuré que ni leurs différences idéologiques, ni l’approche des échéances électorales, ni les attaques de l’opposition n’ont réussi à briser cette cohésion. «La majorité a toujours réglé ses différends à travers un débat juste et démocratique», a déclaré Salaheddine Mezouar, assurant que «bien que cette période soit caractérisée par un bouillonnement politique à cause des élections qui approchent, le gouvernement continuera son travail normalement».

Concernant les nombreuses affaires de mœurs de ces derniers mois, le président du RNI a prévenu du danger que court le pays si les citoyens se substituent aux appareils de l’Etat. «Quand on voit le chaos qui s’est installé dans certains pays, on comprend que c’est parce que l’autorité de l’Etat a été remise en cause», a-t-il assuré. «Il est inacceptable que des questions dont nous devrions débattre dans le calme provoquent des violences de ce type», a-t-il ajouté, puis faisant clairement allusion à l’attaque subie par le jeune homme de Fès, Salaheddine Mezouar a tranché : «Aucun citoyen n’a le droit d’attaquer un autre même s’il n’est pas d’accord avec lui ou avec ce qu’il porte». Le ministre des affaires étrangères et de la coopération a été rejoint, dans sa plaidoirie, par le chef de gouvernement qui a affirmé que «le gouvernement sera intransigeant avec toute personne qui essaye de se substituer à la justice».

Nabil Benabdellah a, de son côté, dénoncé l’instrumentalisation de ces affaires à des fins politiques. «Certaines parties disent que le gouvernement est responsable de ce qui s’est passé à Inzegane. Elles veulent nous faire croire que ce gouvernement, avec ses composantes, ne peut pas garantir la liberté des individus», a-t-il dit, avant de conclure : «La liberté est la base. Ce gouvernement ne peut prendre aucune décision contraire à cela».      

Ces débats houleux n’auront, cependant, pas fait oublier à la majorité que son mandat dure encore une année de plus. Pour Mohand Laenser, deux dossiers devraient être prioritaires pour le gouvernement pendant cette année. «La question de l’amazigh est essentielle et doit être traitée en urgence», a-t-il noté, rappelant que peu de choses ont été faites depuis la constitutionnalisation de cette langue.

Le programme de développement du monde rural devrait, lui aussi, bénéficier de l’attention particulière de l’Exécutif. «Il ne suffit pas de faire les comptes, il faut réellement chercher à savoir ce qui se passe dans nos campagnes», a-t-il déclaré.  Comment le gouvernement appréhendera-t-il les élections à la rentrée ? «En respectant la logique de la majorité», selon Benkirane. Si les partis de la majorité disent discuter de ces échéances depuis plus d’une année, aucune alliance n’est encore en vue. «Ce serait illogique d’arrêter les détails des alliances dès aujourd’hui», a assuré le chef de gouvernement. Nabil Benabdellah a, néanmoins, précisé que «la majorité agira de manière compacte pendant ces élections, notamment pendant le 2ème tour qui connaîtra l’élection des conseils et des présidents des régions».   

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