Politique

Lahcen Haddad: Pas de crise au Mouvement populaire

© D.R

Depuis des mois, le Mouvement populaire vit au rythme de ce qui paraît être comme une crise interne. Mais pour Lahcen Haddad, membre du bureau politique du parti, le MP ne connaît aucune crise interne. Selon le ministre du tourisme qui a accordé un entretien à ALM, les «allégations relayées par les médias sociaux sur son parti sont le fait de personnes isolées, des singletons qui s’agitent sans véritable conséquence sur la vie du parti». Concernant la tension au sein de la jeunesse du parti et l’organisation des femmes harakies, le responsable explique qu’il s’agit plutôt de «cas isolés de personnes qui n’arrivent pas à faire admettre leurs idées dans le cadre des structures internes et choisissent de porter l’expression de leurs ambitions personnelles étriquées sur la place publique». Et à quelques semaines des élections communales et régionales, Haddad paraît plutôt confiant. «Je ne vous cache pas que nous avons de grands desseins pour ces échéances et puis vous affirmer que nous sommes préparés pour y occuper des positions avancées en termes de résultats», affirme-t-il. Le ministre évoque également «la dynamique» actuelle des instances du MP et le rôle de Halima Assali au sein du parti.

 

ALM : Peut-on parler aujourd’hui d’une crise profonde qui divise le Mouvement populaire ?
 

Lahcen Haddad : Pourquoi parler de crise ? Nous estimons au sein du Mouvement populaire que ce que vous considérez comme crise est la manifestation la plus tangible de la bonne santé du parti.
Une institution politique comme la nôtre vit au rythme d’interactions diverses émanant de la riche diversité de ses composantes. Nous ne fonctionnons pas comme une entité monolithique, nous sommes une entité vivante qui évolue et interagit avec son environnement. Nous ne sommes pas dans une logique de caserne où ce sont les hiérarchies verticales qui donnent le tempo. Au contraire, notre parti a pu durant sa longue histoire depuis l’aube de l’indépendance développer une grande capacité d’écoute et une grande aptitude à gérer les différences. Notre crédo est celui de la parole libérée et de l’engagement sans faille pour le maintien de l’unité du parti. Maintenant il arrive que certaines individualités, avec souvent des égos hypertrophiés, n’arrivant pas à se mettre au diapason des rythmes imposés par les nécessités du travail en équipe, se retrouvent en situation d’isolement de fait et commencent à construire des histoires tout en se mettant dans des postures de victimisation qui leur permettent de justifier leur échec au sein de la structure. Par ailleurs, vous devez certainement faire référence à ce qui se publie dans la presse ou allégations relayées par les médias sociaux, je puis vous assurer que tout cela n’est le fait que de personnes isolées, des singletons qui s’agitent sans véritable conséquence sur la vie du parti. Il s’agit le plus souvent de gens qui tout simplement veulent démissionner ou bien ceux qui à l’approche des échéances électorales sont saisis de la fièvre de la course aux postes alors qu’ils n’ont aucune qualification objective pour étayer leurs ambitions démesurées.

Encore une fois, je vous confirme qu’il n’y a pas de crise (au sens systémique du terme), encore moins de crise profonde au sein du MP.

La tension semble gagner les organisations du parti comme la jeunesse et l’association des femmes harakies. Qu’en est-il vraiment ?

C’est ce que je viens de vous expliquer. Ce à quoi vous faites référence concerne des cas isolés de personnes qui n’arrivant pas à faire admettre leurs idées dans le cadre des structures internes, choisissent de porter l’expression de leurs ambitions personnelles étriquées sur la place publique. La jeunesse du parti vit actuellement une formidable dynamique en cette période. Ses cadres et responsables sont totalement mobilisés en partant de leur conviction et de leur mission d’encadrement de la jeunesse à l’approche des prochaines élections. La participation des jeunes au vote est un enjeu stratégique comme vous le savez et la jeunesse harakie est pleinement consciente de cela, c’est pourquoi elle organise des activités de qualité sur des thématiques sensibles du genre : les dangers du terrorisme sur les jeunes, les jeunes et les nouveaux médias, le rôle des femmes dans le développement, le rôle des élites dans la formation des opinions publiques, etc. Quant à l’association des femmes harakies, elle vit la même dynamique. Ce n’est pas le départ d’une personne, pour les raisons que je vous ai expliquées, qui va remettre tout l’édifice en cause.
Au contraire, cette association dispose d’un vivier de compétences de grande valeur. Elles assument leurs missions de mobilisation des femmes dans de bonnes conditions.  
Les deux organisations ont, elles-mêmes, réagi aux propos diffamatoires qui les ont concernées et ont été obligées dans des mises au point séparées de révéler à l’opinion publique les manquements graves dont s’est rendue responsable l’ex-présidente de l’association des femmes harakies. Elles ont réagi de la sorte, la mort dans l’âme, alors qu’elles auraient préféré gérer les différences en interne et faire l’économie de turbulences qui ne peuvent que parasiter la perception positive de leurs actions par le grand public.

Quelle est votre explication de ce qui se passe actuellement ? S’agit-il d’une simple guerre de positions ou d’une véritable crise de gouvernance ?

Je pense que je vous ai répondu de manière anticipée à votre question. Mais je voudrais juste vous dire que notre mode de gouvernance – adossé à notre propre système de valeurs – nous permet de préfigurer ce genre de situation et permettre à l’institution de poursuivre son évolution sans à-coups. Les guerres de positions existent comme dans toute institution comme la nôtre, cela est dû au fait que chacun porte des ambitions qui sont dans l’absolu permises, mais toutes les ambitions ne sont pas légitimes. Il faut pour les faire prévaloir disposer des compétences et des attributs de légitimité que vous procure votre parcours au sein du parti. Mais les guéguerres nées de ces excès d’ambition n’atteignent jamais la masse critique pour leur permettre de constituer de véritables menaces sur l’équilibre de la structure. Elles sont fondamentalement attachées à des phénomènes incidents et tangents par rapport aux fondamentaux du parti.
Nous sommes dans un parti qui fonctionne sur la base d’une véritable démocratie interne et je ne peux même pas imaginer un seul instant que ce mode de gouvernance puisse souffrir de quelque exception que ce soit. Nous avons des structures qui assument chacune ses prérogatives en toute indépendance et dans la synergie la plus totale ; je veux parler ici du bureau politique et du conseil national. Les réunions de ces structures sont toujours très animées et ce sont les règles de la démocratie interne qui les gouvernent. Chacun y va de ses arguments et les décisions finales sont celles de la majorité.

Les critiques des frondeurs au sein du MP se concentrent sur le rôle de Halima Assali dans la prise de décision par la direction du parti. Qu’en est-il vraiment ?

Tout d’abord je viens de vous expliquer que nous sommes un parti qui fonctionne sur la base d’institutions élues et crédibles et qu’en aucun cas il ne saurait y avoir de mainmise de quelques membres que ce soit et quelle que soit sa position ou sa force d’influence. Halima Assali est une militante de première heure à qui je rends un hommage appuyé pour son abnégation et son implication citoyenne dans la conservation de l’unité de ce parti. Comment peut-on donner crédit à ce genre d’allégations alors que notre bureau et notre conseil national comptent parmi leurs membres des personnalités de premier plan connues pour leur compétence et leur indépendance.
Et qui se laisseraient faire par le leadership d’une seule personne ou d’un groupe de personnes. Affirmer cela reviendrait à offenser la mémoire collective de ces personnes qui ont choisi de militer au sein de ce parti justement pour les valeurs qu’elles incarnent, notamment celles de l’indépendance, de la transparence et de l’équité. A mon avis Halima Assali est victime de sa réussite en assumant pleinement son rôle de militante authentique jalouse de son appartenance à ce parti qui porte l’essentiel de ses convictions.
 

Vous avez dit tension ?

 

Est-ce que ce genre de tension peut avoir un impact sur les résultats du parti dans les prochaines élections ?

Au contraire, nous sommes en pleine mobilisation pour réussir ces élections en veillant à présenter une nouvelle génération d’élus portant les valeurs du parti et suffisamment armés pour assumer les nouvelles missions des futures collectivités territoriales aux niveaux local et régional. Je ne vous cache pas que nous avons de grands desseins pour ces échéances et je puis vous affirmer que nous sommes préparés pour y occuper des positions avancées en termes de résultats. Maintenant ce que vous désignez comme étant des tensions ne sont que des manifestations marginales de comportements individuels sans conséquence sur la stabilité du parti. Je peux comprendre votre questionnement qui se base sur ce qui circule dans l’opacité des réseaux sociaux ou sur le Net en général. A chaque fois que nous avons la possibilité d’apporter des éclaircissements et des informations avérées nous le faisons comme ici avec vous.

 
 

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