Politique

«Les autres parties continuent de prôner un référentiel dépassé»

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ALM : Qu’est-ce que le Maroc attend de ce deuxième round ?
Taieb Fassi Fihri : Après un premier round où le Maroc a eu l’occasion de rappeler un certain nombre de principes, mais aussi expliciter davantage l’initiative d’autonomie, le 2ème round a été une occasion supplémentaire pour approfondir davantage à la fois la proposition marocaine et aussi insister sur le pourquoi de l’impasse, le pourquoi de l’échec des propositions antérieures, le pourquoi de la nécessité qui est dorénavant très claire et qui a été exprimée par le Conseil de sécurité à savoir responsabiliser les parties concernées. Nous sommes dans un nouveau processus qui interpelle l’ensemble des parties.

Est-ce que toutes les parties ont aujourd’hui une égale conscience des enjeux ?
Certainement pas puisque, malheureusement, les autres parties continuent de prôner un référentiel dépassé à la fois par l’évolution du monde, de la région mais aussi dépassé par les différentes propositions qui ont montré leurs limites. De son côté, le Maroc a répondu à un appel de la communauté internationale à savoir prendre une initiative et fournir des efforts dans le cadre de la responsabilisation des parties. Il a ainsi accompli son devoir à la faveur d’une consultation démocratique large. Et, aujourd’hui, en répondant à cet appel, nous sentons que les efforts marocains sont bien accueillis par la communauté internationale, par le Conseil de sécurité et dorénavant la responsabilité incombe aux autres.

Si nous sommes quittes avec la communauté internationale, qu’est-ce que nous attendons de ces négociations ?
SM le Roi a clairement exprimé le cadre, les limites de ce cadre, et la marge qui existe en termes de négociations à savoir l’autonomie et rien d’autre que l’autonomie. Comme compromis définitif nous écartons naturellement les autres options qui ont montré leur inapplicabilité. Dorénavant, il faudra qu’il y ait, dans le cadre de la créativité et de la prise en conscience des données intrinsèques à la région et à ce dossier, une volonté de trouver une solution. Nous avons cette volonté dans le cadre de ce compromis.

Qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui on a l’impression d’être plus à l’aise dans ce dossier que par le passé ?
Je dirais et sans être sévère par rapport aux expériences passées que chaque période a ses propres contraintes et ses propres tentatives. La tentative initiale était d’organiser un référendum à options ouvertes, extrêmes, basé sur l’identification. La combinaison d’associer des options extrêmes à l’identification a démontré être impossible.
Jamais l’ONU n’a organisé un référendum à options extrêmes basé sur l’identification. La nature sociologique des populations des provinces du Sud, la dimension ségmentariste de la société au sud du Maroc fait en sorte que personne ne peut identifier un collège électoral pour dire quels sont ceux qui seraient habilités à voter dans un référendum à options ouvertes. Face à ce constat clairement établi, il était clair qu’il va falloir trouver une solution à travers les négociations et donc à travers le consentement de toutes les parties. Nous sommes prêts à trouver une solution avec un consentement de l’ensemble des parties autour de l’initiative et ce sera le seul moyen de résoudre ce conflit.

On parlait de carence de démocratie à un moment donné par rapport à la gestion de ce dossier. Est-ce que vous ne pensez pas que, aujourd’hui, cette carence démocratique est ailleurs ? Comment peut-on négocier avec un mouvement qui a des carences à ce niveau-là notamment en ce qui concerne sa représentativité ?
La représentativité est un élément central et il est incontestable que lorsqu’on cherche une solution à travers le consentement des parties, il faut qu’elles soient représentatives. Nous discutons avec le Polisario, nous discutions avec l’Algérie, forts du fait que nous sommes le porte-parole d’une majorité de Sahraouis marocains, qui se sont exprimés sur le sujet. Nous le faisions au niveau gouvernemental, mais nous le faisions aussi à travers une représentation institutionnelle qui est le Corcas. C’est un élément important que des originaires des provinces du Sud participent à cette délégation au même titre que les autres membres.

On a l’impression qu’à Manhasset II, c’est la parité : 50% Sahraouis 50% du Nord…
C’est d’abord une délégation complémentaire par le profil et la responsabilité de chacun. Mais il est sûr que c’est la première fois – à Manhasset I c’était déjà affirmé, aujourd’hui c’est davantage confirmé – que la présence d’originaires du Sahara au sein de la délégation marocaine dans le cadre de cette complémentarité démontre clairement que la solution passe par la prise en considération des desiratas des populations concernées qui se sont exprimées à travers le Corcas et qui sont là pour défendre leur vision et leur projet.

On peut imaginer que, demain, il pourrait y avoir des négociations entre des Sahraouis unionistes et des Sahraouis séparatistes et qu’on arrive à avancer dans la discussion dans une logique d’autonomie.
On est dans une logique d’autonomie où il est important de tenir compte des ambitions, des besoins exprimés par les populations locales. Mais nous sommes aussi dans le cadre d’une autonomie définitive dans le cadre de la souveraineté, de l’initiative nationale et de l’intégrité territoriale et, par conséquent, il est important de tenir compte d’inscrire tout cela dans les fondamentaux du Royaume et dans la politique tracée par SM le Roi pour la bonne gouvernance locale.

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