Politique

Les révélations fracassantes de Halima Assali

© D.R

ALM : Ces derniers temps, vous êtes l’objet d’attaques répétées au sein de votre parti. Y a-t-il, selon vous, une fumée sans feu ?
 

Halima Assali : J’apprends comme vous les choses écrites sur moi qui recouvrent différentes intensités. Il y a souvent une forte intention de nuire dans certaines allégations qui me concernent. Je commence à m’accommoder à ces nuisances qui sont, malheureusement, devenues monnaie courante dans le paysage politique national.  Quand vous me dites, y a-t-il une fumée sans feu, vous voulez certainement connaître les dessous de ces attaques dirigées à mon encontre. Je vous renvoie à mon tour aux commanditaires de ces cabales éhontées, ils doivent certainement avoir des raisons que j’ignore.  Mais j’aimerais vous rappeler certaines vérités propres au jeu politique dans notre pays. Les attaques de cet acabit ne sont généralement dirigées que contre ceux qui ont une forte propension à l’action. Et quand il s’agit d’une femme la vigueur des attaques redouble d’intensité, car pour moult raisons la femme est perçue comme une cible facile. Ce genre d’attitude se durcit au fur et à mesure que les rumeurs et autres allégations persistent. Concernant ma propre personne, je vous avoue que je ne passe pas mes journées à démêler ces écheveaux faits d’un tissu de mensonges et d’allégations.  Je puis vous assurer aussi que mon engagement au sein de ma famille politique, depuis des lustres, est un engagement de raison et de cœur. J’ai appris auprès de militants de la première heure les valeurs fondatrices de cette mouvance politique qui a contribué avec abnégation à la construction du projet de société auquel nous sommes tous attachés. Ce sont ces mêmes valeurs qui m’ont permis de forger cette personnalité que certains me reprochent d’assumer. C’est assurément là que se situent le feu et la fumée dont vous parlez. J’ai une conception du jeu politique où il n’y a point de place pour les sentiments vénaux. Je ne peux concevoir mener des batailles que pour des idées et des valeurs. Le reste n’est que détail.

L’adage arabe dit que derrière chaque réussite masculine il y a une femme. Cela s’applique-t-il au parcours de Mohamed Ouzzine qui se trouve être votre gendre ?

Certes, Mohamed Ouzzine est, dans la vie privée, mon gendre, mais je tiens à préciser qu’au sein du parti M. Ouzzine est avant toute chose un militant comme les autres. Il fait partie de cette nouvelle génération de militants épris des hautes valeurs de notre parti. Il a fait montre durant son parcours de qualités humaines, professionnelles et militantes certaines. Le fait que Mohamed Ouzzine ait une proximité avec un membre dirigeant du parti ne devrait pas le pénaliser. Il a pu se frayer son chemin à force d’abnégation et de mobilisation sans faille dans la défense des intérêts de notre famille politique. En plus d’assumer sa fonction en sa qualité de président de l’association des communes de la province d’Ifrane, député de la même province et président de la commune de Oued Ifrane, il a eu l’honneur de servir son pays en assumant des responsabilités gouvernementales avec honnêteté et professionnalisme et quand il fallait prendre ses responsabilités avec courage et clairvoyance il n’a pas hésité à le faire.  C’est vrai que j’ai coopté Ouzzine, comme beaucoup d’autres militants du parti. Mais il faut reconnaître que M. Ouzzine a vite gravi les échelons au sein du parti et s’y est imposé grâce à ses qualifications académiques et par sa compétence. C’est en effet un militant authentique qui a fait montre de courage politique inédit en choisissant de démissionner de ses fonctions ministérielles. Un acte courageux à travers lequel il visait avant toute chose à préserver l’intérêt et l’image du parti qu’il continue à servir avec abnégation. Aujourd’hui, Mohamed Ouzzine est revenu dans les rangs du Mouvement populaire pour servir avec l’esprit du militant de base parmi les siens. Je vous rassure que je n’y suis pour rien dans son itinéraire, il l’assume avec volontarisme et ses ambitions légitimes sont là au même titre que celles de nombreux militants de notre parti.

Khadija Morabit, présidente de l’organisation des femmes harakies, qui est votre parente, vous a frontalement attaquée dans un journal dernièrement. Pourquoi ?

Madame Khadija Morabit a fait son choix et je le respecte, mais ses sorties médiatiques lui ont porté plus de préjudice à elle-même que pour le parti. Le parti a une existence de plus de 60 ans, les personnes passent et le parti est toujours là, ce n’est pas le départ de Khadija, ou de Halima, ou d’autres personnes qui va nuire à sa gestion ou à son image. L’association des femmes harakies regorge de compétences et de personnalités de premier plan connues pour leur compétence et leur indépendance. Vous me permettrez à ce propos d’emprunter une formule de notre secrétaire général M. Mohand Laenser, dite dans un récent entretien de presse, quand il a qualifié ce type de comportement d’agitation de fièvre électoraliste. 

En effet, l’expérience nous enseigne qu’à chaque fois que nous nous approchons d’une échéance électorale on observe des bousculades qui prennent des formes diverses allant jusqu’à l’agressivité gratuite.  Cette dame a choisi de porter la contradiction en dehors des structures de son association et de son parti. Elle a refusé de tolérer la différence qui est une règle essentielle de management au sein du Mouvement populaire. Elle a fait son choix, c’est à elle seule de l’assumer.

Est-il vrai que vous êtes l’un des principaux bailleurs de fonds au MP ?

Ce genre d’affirmation fait partie du lot d’informations toxiques que l’on véhicule à mon propos. Je donne tout ce que je peux à chaque fois que je suis sollicitée au même titre que beaucoup d’autres militants. Cependant, vous pouvez vous interroger avec moi comment peut-on accréditer ce genre d’assertion ? Comment peut-on oublier que les finances d’un parti politique sont auditées conformément à la loi sur les partis politiques ? Il n’y a plus de place pour l’opacité qui, il fut un temps, avait cours. Nous évoluons dans une société gérée selon les canons de l’Etat de droit. Les finances du parti sont gérées de manière transparente. Il y a mille manières de militer au sein d’un parti, la mobilisation des fonds est un processus qui a une traçabilité évidente. Nous devons assurément nous départir de ce genre d’exercice stérile qui consiste à faire l’apologie de l’ignorance et l’ignominie.

Halima Assali peut-elle devenir ministre, parlementaire ou présidente d’une région ?

Ce n’est pas mon ambition, ma vie durant j’ai été et reste une militante prête à servir l’idéal auquel je crois. Les militantes et les militants le savent. Il y a tellement à faire dans d’autres chantiers structurants de la vie politique nationale. Je vous rappelle que j’ai fait deux mandats en tant qu’élue parlementaire. J’ai été la seule femme politique qui a déclaré à un quotidien arabophone qu’il fallait absolument faire en sorte que pour la liste nationale il n’y ait pas de reconduction, et ça a engendré une grande polémique au sein de la classe politique.

Est-ce que vous voyez bien Ouzzine SG du MP ?

L’ambition peut être légitime, mais ce n’est ni Ouzzine ni moi-même qui pouvons en décider. Ce sont les militantes et les militants qui ont le pouvoir de porter au poste de secrétaire général celle ou celui qui dispose des qualités et des qualifications nécessaires pour assumer une telle responsabilité.
Je souhaite cependant préciser qu’il est encore tôt pour parler de nouveau secrétaire général pour le parti étant donné que le mandat de M. Mohand Laenser, notre actuel SG, n’expirera que dans trois ans.

Les frondeurs sont-ils toujours les bienvenus ?

Je constate de plus en plus, à la lecture de la littérature distillée à coups de communiqués sous la forme de brûlots et de pamphlets, que ces personnes sont essentiellement mues par des intérêts égoïstes. Ces détracteurs de «l’ordre établi» n’hésiteraient point à sacrifier sur l’autel de leurs ambitions démesurées tout ce qu’ils avancent aujourd’hui comme gage de bonne gouvernance. Mais comme vous le savez si bien, en politique «impossible» n’est pas marocain.

Les frondeurs d’aujourd’hui pourraient demain se convertir en défenseurs invétérés des «maîtres» de demain.  Ce dont je suis sûre, c’est que la famille politique harakie a toujours su gérer en bonne intelligence les différences en son sein. Tout est possible à condition que ces personnes acceptent les règles du débat transparent, franc, honnête et respectueux des autres. Il y a assez d’espaces de débat au sein du parti, si ces personnes sont animées de bonnes intentions, comme elles le prétendent, elles devraient accepter de débattre au sein des structures institutionnelles du parti et prendre à témoin les militantes et les militants qui pourront juger alors sur pièce.

Dilapidation ?

Que pensez-vous des accusations portées récemment contre M. Ouzzine et le chef de gouvernement par un responsable politique en leur reprochant la dilapidation de quelque 22 milliards que devait coûter la mise à niveau du complexe sportif Moulay Abdellah à Rabat ?
Je préfère ne pas contribuer davantage à ce genre de polémique stérile.

Par ailleurs, l’enquête diligentée par les autorités compétentes a conclu à l’absence de toute responsabilité directe ou indirecte de Mohamed Ouzzine. Je crois savoir que Monsieur le chef de gouvernement rendra publics incessamment les résultats de cette enquête. Et c’est à ce moment-là que l’opinion publique saura exactement où se situent les vraies responsabilités de cette affaire.

Articles similaires

ActualitéPolitiqueUne

Voici la feuille de route du gouvernement pour 2024-2026

Emploi, santé, réduction des inégalités, investissements publics et privés…

CouverturePolitiqueUne

Le Code de déontologie parlementaire bientôt adopté

Les deux Chambres ont ouvert vendredi dernier la session du printemps

PolitiqueUne

Bilan du mi-mandat: une séance commune le 17 avril au parlement

Le parlement tiendra une séance commune le mercredi 17 avril prochain pour...

PolitiqueUne

Réélection de Rachid Talbi Alami à la tête de la Chambre des représentants

Rachid Talbi Alami, du Rassemblement national des indépendants (RNI), a été réélu,...

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux

Articles les plus lus