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Nezha El Ouafi: «Les relations doivent être établies dans le respect des priorités de chacun»

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Entretien avec Nezha El Ouafi, députée parlementaire et membre de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe

ALM : Quelle lecture donner à la visite de la haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères ?
Nezha El Ouafi : La réaction rapide de la chef de la diplomatie européenne traduit la profondeur des relations bilatérales entre le Royaume et l’Union européenne. La visite effectuée par la haute représentante de l’UE pour les affaires extérieures et la politique de sécurité, Federica Mogherini, démontre la place importante occupée par le Maroc dans la  coopération  étrangère européenne. Je pense que les responsables des deux parties sont aujourd’hui conscients de l’utilité de revoir leurs relations selon une approche qui prend en considération les intérêts du Maroc.

Faut-il en déduire que la décision du Maroc a porté ses fruits ?  

La décision prise par le Maroc de suspendre les contacts avec l’Union européenne suite à la décision de la Cour de justice de l’UE de suspendre l’accord agricole entre le Royaume et l’UE est une décision courageuse et forte. C’est un acte souverain qui a adressé un message fort à l’UE selon lequel le Royaume du Maroc n’acceptera jamais de spéculation au sujet de son intégrité territoriale. La Cour européenne s’est impliquée dans une décision compromettante en prononçant l’annulation partielle de l’accord agricole, et ce du fait que le conflit du Sahara est un dossier entre les mains du Conseil de sécurité des Nations Unies, seule instance internationale compétente de statuer sur ce dossier. Par conséquent, la Cour européenne aurait dû se déclarer incompétente. Le Maroc a toujours considéré ses relations avec son partenaire historique l’UE de stratégiques et qui doivent être renforcées de plus en plus. De même, l’Union européenne devait, compte tenu des relations historiques et de ses intérêts stratégiques avec le Royaume, aussi bien sur le plan économique, politique que sécuritaire, faire preuve de plus de responsabilité et d’attention s’agissant de la prise de toute décision défavorable au Maroc. Ce qui suppose le respect du principe de la réciprocité, d’autant que l’UE sait pertinemment que l’intégrité territoriale a été érigée en priorité pour le Royaume.

Quels sont les impacts de cette décision sur les relations économiques Maroc-UE ?

Les relations entre le Maroc et l’UE sont historiques, et ni le Maroc ni l’Union européenne n’ont intérêt à suspendre leurs relations. Cette décision de suspendre l’accord agricole avec le Maroc impactera négativement l’UE plus que le Maroc. C’est vrai, l’UE est le principal partenaire commercial et économique du Royaume, mais le Maroc a réussi à diversifier ses partenariats commerciaux grâce à une politique commerciale basée sur une diversification des débouchés extérieurs et une diversification des produits exportés à travers notamment la conquête de marchés africains, américains, russes et des pays du Golfe.
Aussi la balance commerciale du Maroc aujourd’hui n’est plus tributaire de l’exportation des produits agricoles. Par conséquent, l’impact sera minime. Jusqu’à présent, le Royaume a su tirer profit de la conjoncture économique et politique internationale. Il est certain que la communauté internationale se dirige vers la formation de nouveaux blocs régionaux en fonction des intérêts de chacun. Mais notre partenariat avec l’Europe est historique et stratégique. Les relations doivent être établies dans le respect des priorités de chacun. Le Maroc doit poursuivre la diversification de ses partenariats économiques, sans pour autant se désintéresser de l’UE.

Que peut-on maintenant attendre de l’UE, alors que le dossier se trouve entre les mains de la justice ?

Comme je l’ai mentionné précédemment, On  doit gérer ce probleme dans la  logique de gagnant-gagnant, de ce fait, Il appartient donc à l’Union européenne de revoir sa manière de gérer ce dossier et tant d’autres, car elle risque d’être entraînée dans une aventure politique aux conséquences imprévisibles et ce, pour trois raisons.
La première, c’est que le Maroc a réussi dans sa politique commerciale de diversification de ses partenaires commerciaux. Il a ainsi jeté les fondements d’une coopération stratégique avec l’Afrique, la Chine, la Fédération de Russie, les pays du Golfe, la Turquie…
La deuxième, c’est que les pays de l’Union européenne traversent toujours une situation de crise. La troisième raison, c’est que tout partenariat stratégique en cette situation de crise internationale actuelle suppose que l’on soit tous gagnants et solidaires, tout en mettant nos intérêts réciproques au premier plan.
Les institutions de l’Union européenne doivent revoir leurs décisions à l’égard du Maroc et faire l’effort nécessaire pour redonner espoir aux relations historiques exemplaires qui lient les deux parties. Aussi le Royaume du Maroc doit tirer les leçons de cette crise qui, j’espère, est passagère et doit asseoir les bases pour une renégociation d’un partenariat solide gagnant-gagnant dans le futur avec l’Europe. Ceci est un message fort du Royaume du Maroc à l’UE pour réviser sa perception dans le cadre de la coopération européenne avec le Maroc, surtout que les deux parties sont engagées à conclure un accord de libre-échange approfondi et avancé, et aussi pour éviter la duplication des attitudes envers le Maroc et porter atteinte à son intégrité  et sa souveraineté territoriale.

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