La maison de la mission diplomatique à New York est une bâtisse assez imposante, respectable et digne. Eclairée, comme pour les jours de grandes fêtes, ce samedi soir 16 juin 2007, elle recevait les membres de la délégation marocaine chargée, sous l’égide des Nations Unies, d’entamer les négociations avec le Polisario sur l’offre marocaine. L’hôte, Mustapha Sahel, le représentant du Maroc aux Nations Unies, fait tout pour que ses invités se sentent à l’aise et abordent le travail historique qui les attend avec le plus de sérénité. L’ambiance entre les membres est à l’évidence détendue mais surtout très professionnelle. Les délégués marocains semblent maîtriser parfaitement leur sujet et surtout font montre d’une expertise remarquable. Ils formulent, ils reformulent, ils mettent en perspectives les questions les plus précises avec un calme à toute épreuve. Ils anticipent sur les développements éventuels avec la même maîtrise. Le projet marocain d’autonomie par sa densité, par sa crédibilité reconnue et par la reconnaissance explicite internationale dont il bénéfice impose de lui-même une méthodologie de travail. Les débats entre les délégations seront libres et croisés. Aucune exclusion ou forme de marginalisation des uns ou des autres n’est de mise. Le travail sera libre, ouvert et s’il le faut convivial et spontané. Les Nations Unies ont incontestablement adopté une formule qui, par le confinement relatif des négociateurs, ressemble à Camp David. En effet à Manhasset, dans les alentours de New York, les négociateurs seront amenés, dès le 18 juin, à prendre leurs repas et leurs collations ensemble. Il est également prévu qu’ils passent tous la nuit du 17 au 18 juin sur le site des négociations. Espace fermé, favoriser les liens conviviaux, créer les conditions d’un dégel politique et psychologique…, les techniques sont connues et les Nations Unies dans cette affaire en usent avec une certaine confiance. Malgré la méthodologie retenue par Peter Van Walsum, tout le monde sait que les discussions seront ardues et, certainement, longues. Cette première session revêt donc un caractère symbolique évident
-elle brise la glace- mais tout sera dit dès le premier jour. Dans les faits, les six délégués négociateurs marocains seront soutenus, en back office, pas très loin de Manhasset, par une équipe d’experts pour la plupart des Marocains sahraouis occupant des postes de haute responsabilité au ministère de l’Intérieur, au Corcas ou ailleurs. Ces sherpas ont pour mission par la maîtrise intime du dossier, notamment sur les aspects humains, d’apporter la plus large expertise et la plus pointue à la fois, aux négociateurs. «Nous sommes une délégation nouvelle, avec des visages nouveaux, représentant un Maroc nouveau et avec un projet nouveau, et crédible, pour sortir notre région de la crise. Ce qui nous importe, la souveraineté marocaine n’étant pas en équation, c’est de permettre aux Sahraouis, tous les Sahraouis, de se mettre d’accord par la négociation sur la manière avec laquelle ils veulent gérer ces provinces. L’offre d’autonomie qui est proposée est un cadre démocratique, moderne et suffisant pour dépasser objectivement toutes les contradictions héritées du passé», dit tranquillement, le ministre délégué à l’Intérieur , Fouad Ali El Himma. Les déclarations faites quelques heures auparavant par Chakib Benmoussa, le ministre de l’Intérieur et Chef de la délégation marocaine, aux médias ont fini par préciser la lettre et l’esprit de la feuille de route marocaine. À la différence du passé, jamais les Marocains n’ont eu autant la conviction, dans cette affaire nationale, qu’ils apportent de bonne foi à la communauté internationale une solution qui peut être juste, définitive et durable pour le Sahara. La délégation marocaine n’est pas une délégation de circonstance ou du passé. Elle est constituée des gens qui ont travaillé sur le dossier et qui ont fait le tour du monde -plus de 30 pays- pour expliquer l’offre marocaine d’autonomie. Ils n’ont connu ni Houston ni Baker. Ils ont une seule religion: l’avenir. Et dans la paix.
• DNES à New York
Khalil Hachimi Idrissi
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