ALM : Quel bilan faites-vous de l’action du Conseil préfectoral de Casablanca ?
Saïd Hassbane : Le Conseil a réalisé un bilan positif. 60% des projets ont été réalisés, malgré plusieurs difficultés rencontrées au début. Le Conseil a délibéré 125 fois et a voté d’importantes décisions comme la régularisation de la situation des fonctionnaires des préfectures de Casablanca. Au total, nous avons réalisé 157 projets d’un montant de 970 millions DH.
Mais cela n’a pas été facile au début. Après les élections de 2003, nous avons essayé de consolider tous ces budgets et d’avoir un tableau de bord plus clair. Pendant une période transitoire d’un an et demi, nous avons constaté que le Conseil était absent au niveau de son plan d’action. Nous avons alors tracé un plan de développement afin d’éviter dans un premier lieu les chevauchements au niveau des attributions des trois conseils : Conseil régional, Conseil de la ville et Conseil préfectoral. Au niveau de la loi n° 78-00 portant Charte communale et la loi 79-00 relative à l’organisation des collectivités préfectorales et provinciales, les présidents du Conseil de la ville et du Conseil préfectoral ont les mêmes prérogatives, excepté le fait que le président du Conseil de la ville est l’ordonnateur. Conséquence : en fin d’année, nous nous retrouvions avec des programmes similaires, ce qui constituait une perte de temps et d’argent.
Qu’avez-vous, alors, fait pour redéfinir les rôles ?
Pour éviter le double emploi, une commission de coordination a été mise en place entre les trois conseils. Ainsi, le Conseil de la ville s’occupe de la gestion quotidienne de la ville, le Conseil régional agit au niveau de la périphérie alors que le Conseil préfectoral a pris la lourde tâche au niveau de la politique de proximité sur les trois volets : social, culturel et sportif. Le plan de développement du Conseil préfectoral a pris beaucoup de retard en raison de la lenteur administrative et de l’absence des textes d’application. A ceci, s’ajoutent aussi les problèmes financiers. L’enveloppe budgétaire ne nous a pas permis de réaliser tous les projets. Le budget de fonctionnement ne dépasse pas les 380 millions DH. 92% des recettes de ce budget proviennent des taxes sur le permis de conduire et sur les visites techniques. Au niveau des dépenses, 80% de ces recettes sont réservés aux dépenses du personnel. Les 20% restants sont réservés aux dépenses obligatoires. L’excédent réel est dérisoire par rapport à l’ambition de ce programme de développement. C’est pourquoi nous avons demandé une révision de la fiscalité au niveau des services centraux. Ils ont consolidé certaines taxes alors que la répartition est restée la même. La part du lion va à la commune, suivie du Conseil régional et en dernière position vient le Conseil préfectoral. Il faut noter qu’au niveau national, Casablanca produit 66% des impôts mais la ville ne reçoit que 10%, et ce, en dépit des besoins importants de la métropole.
Comment avez-vous donc pu réaliser votre plan de développement ?
Nous avons signé 35 conventions avec plusieurs organismes et institutions. Nos actions s’inscrivent dans une vision globale de la métropole avec un intérêt particulier pour le volet social. Une convention triennale a été signée avec la Fondation Mohammed V pour la solidarité pour une enveloppe budgétaire de 360 millions DH pour la réalisation de centres sociaux au niveau de toutes les préfectures de Casablanca. Il faut aussi relever la réalisation de terrains de sports de proximité et de compétition dotés de gazon synthétique. Sur le plan sanitaire, un grand centre de brûlés et un centre d’oncologie ont été réalisés. Plusieurs conventions ont été signées avec le ministère de la Santé pour la mise à niveau des services de santé dans les hôpitaux de Casablanca. Par ailleurs, il faut rappeler qu’une convention de partenariat avait été signée entre le commandement régional de la Protection civile de Casablanca et le Conseil préfectoral avec une enveloppe budgétaire de 22 millions DH pour la réalisation de postes de commandement et d’intervention au niveau de chaque préfecture. Sur le plan culturel, nous sommes en train de réaliser un important projet qui porte sur l’encadrement et la formation des professeurs de musique et la mise à niveau des conservatoires.
Membre du Mouvement populaire, quelle est la stratégie de votre parti pour les prochaines élections communales ?
Comme tous les partis politiques, nous avons une stratégie et un plan d’action. Nous avons établi une stratégie de choix avec des critères précis pour avoir des candidats potentiels lors des prochaines élections. Il faut relever qu’il n’y a pas un encadrement au niveau des partis politiques. Ils n’ont pas de programmes solides en mesure d’intéresser les citoyens. Au niveau du Mouvement populaire (MP), nous avons mis en place plusieurs programmes pour qu’il y ait une participation plus élevée. Nous avons décidé de faire plus attention aux choix des candidats. Ce ne sera plus un choix à la hâte, juste pour le remplissage des circonscriptions. Il faut trouver des potentiels bien ciblés qui ont des contacts, des assises populaires qui seront en mesure de drainer de nombreux électeurs. Beaucoup de promesses n’ont jamais été tenues. C’est ce qui explique le désintérêt et le désengagement des citoyens du champ politique. Redonner confiance aux citoyens figure parmi les priorités du MP. Le second problème qu’il faut relever, c’est que l’unité de la ville n’a pas joué un rôle favorable pour la participation des citoyens aux élections.
Auparavant, au niveau des circonscriptions, il y avait une véritable politique de proximité. Le «candidat de proximité» n’existe plus. Avec l’unité de la ville et des circonscriptions plus larges, on ne voit plus le rôle de l’élu.
Le transport urbain est en panne à Casablanca. Quelles sont les actions mises en place pour débloquer la situation ?
Le problème des transports ne sera pas réglé dans l’immédiat mais dans le moyen terme. Un organisme de régulation a été créé pour la réalisation d’un schéma directeur de mobilité.S’agissant des transports en commun, il y aura certainement un monopole au niveau des bus au détriment des autres sociétés. Des discussions sont en cours sur ce dossier. Plusieurs concessionnaires n’ont pas honoré leurs engagements.
Casablanca est au bord de l’asphyxie. Les espaces verts sont de plus en plus rares. Quelles sont les mesures prises pour lutter contre la pollution ?
Casablanca est une ville de ciment, de bâtiment, très polluée. Nous sommes en train de travailler sur la mise à niveau du parc automobile des taxis.
D’autres mesures ont été prises dont l’encouragement du transport en commun écologique (tramway, RER …), la production d’hydrocarbures de meilleure qualité (gasoil 50 ppm au lieu de 10.000 ppm).
D’autre part, les espaces verts ont été pris en considération au niveau du nouveau Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme (SDAU) et du nouveau plan d’aménagement. Au niveau de ces plans, nous avons essayé de réaliser de nouvelles zones qui vont être créées c’est-à-dire les neuf villes satellites qui vont entourer Casablanca, une composante espace vert qui prendra le 1/3 de l’assiette foncière.
Les espaces verts constitueront un noyau dur au niveau de Casa-Anfa, Zenata ainsi que des villes satellites qui vont décongestionner la ville de Casablanca.