Le Centre de coopération pour la Méditerranée de l’Union mondiale pour la conservation de la Nature (UICN) vient d’attribuer les prix qu’il a consacrés au concours de photographie «Découvre et raconte la biodiversité en Méditerranée». Le deuxième prix est revenu au professeur Mohammed Melhaoui, de l’Université Mohammed I, pour une photographie relatant l’effort des jardiniers de Figuig pour la préservation de leur biodiversité. Ces gardiens de l’héritage oasien assument un rôle déterminant dans la durabilité des systèmes oasiens et dans la préservation de leurs richesses naturelles. Les photographies présentées lors de ce concours ont témoigné des problèmes, des solutions, des initiatives gouvernementales, de l’engagement des communautés locales ou des perspectives personnelles pour la préservation des écosystèmes locaux. Conscient de l’importance de l’agriculture dans ces milieux oasiens, le Maroc a mis en place des programmes pour le développement agricole à Figuig dans le cadre de l’Initiative nationale pour le développement humain et dans le cadre du Plan Maroc Vert. Une petite retenue de barrage est en cours de construction dans les environs de Figuig. Sur le pourquoi d’une telle thématique, le Dr Melhaoui précise à ALM : «J’ai choisi le thème «Les jardins du désert» de l’oasis de Figuig car ce sont des écosystèmes fragilisés mais qui résistent grâce au savoir-faire de la population locale dans la restauration des paysages oasiens, l’économie d’eau et la gestion durable des ressources en milieu aride. Et c’est le cas de toutes les oasis du Maroc». Il est à préciser que Dr Melhaoui est un enseignant-chercheur et homme de terrain qui parcourt la vaste région de l’Oriental depuis plus de 25 ans pour contribuer à la sauvegarde de ce qui fait la spécificité environnementale de cette région. «C’est pour moi un sentiment de joie et de fierté d’avoir gagné le 2ème prix parmi une cinquantaine de candidats du pourtour de la Méditerranée. C’est également une fierté pour ma région de l’Oriental et mon pays le Maroc qui fait de l’environnement son cheval de bataille pour le bien-être des citoyens marocains. Ceci m’encourage à faire plus pour faire connaître les efforts de mon pays d’autant plus que je suis membre de la Commission éducation et communication de l’UICN en Afrique du Nord», déclare fièrement Dr Melhaoui. Les jardins du désert de l’oasis de Figuig montrent le rôle capital des savoirs communautaires dans la restauration de paysages oasiens. La gestion de ces écosystèmes fragiles se fait dans l’optique du bien-être humain afin d’améliorer les moyens d’existence, de réduire la pauvreté et la vulnérabilité et de renforcer la sécurité humaine et environnementale par la gestion durable des ressources en milieu aride. En effet, ces jardins sont créés par l’Homme dans un milieu où les précipitations annuelles sont inférieures à 150 mm avec une évapotranspiration extrêmement importante et des pressions environnementales: raréfaction de la ressource en eau, sécheresse, désertification, érosion de la biodiversité. Ceci dit, la société oasienne de Figuig souffre de vulnérabilité, d’exode rural vers les grandes villes ou immigration vers l’Europe. Des projets de type agro-tourisme sont en mesure de promouvoir l’agriculture oasienne, encourager la diversité agricole et accompagner les agriculteurs dans le défi qu’ils lancent à une nature fragilisée. Il est à signaler que le 1er prix de ce concours international est revenu à Michele Borzoni (Italie) et le 3ème à Dima Karam (Liban).