L’utilisation des médicaments génériques est présentée comme source éventuelle d’économies pour les familles aux faibles revenus. Des inquiétudes subsistent, toutefois, quant à leur identité par rapport aux molécules originales et à leur bio-disponibilité.
«Un médicament générique est une copie conforme d’un médicament original dont le brevet ne lui assure plus l’exclusivité. Le générique c’est aussi une préoccupation sociale pour le pharmacien et le malade. On a encore à l’esprit le mémorandum adressé par plusieurs associations de la société civile au gouvernement pour protéger et garantir l’accès à ces médicaments génériques», a expliqué Jamal Taoufik, professeur à la Faculté de médecine de Rabat lors des journées maghrébines de la pharmacie qui se sont déroulées le week-end dernier à Oujda.
Ce spécialiste a rappelé que les multinationales pharmaceutiques, productrices des médicaments dits «princeps», avaient alors engagé tout processus juridique visant la limitation de la propagation de ces génériques. «Entre les intérêts collectifs et la défense de la propriété intellectuelle, a-t-il dit, le débat n’est pas encore clos».
Les génériques sont des médicaments d’un bon secours, mais posent des problèmes réglementaires et législatifs (de fabrication et de contrôle) et peuvent également avoir un impact sur l’économie de la santé. «Au Maroc, les génériques ne diffèrent en rien des princeps. Ils subissent les mêmes normes de contrôle. La seule faveur dont ils bénéficient, c’est qu’ils reprennent des molécules anciennes prouvées en pharmaceutique et en toxicologique. «Les génériques ont la même composition en principes actifs et en galéniques identiques», a t-il poursuivi, avant de faire remarquer qu’il y’a «des discordances qui font planer le doute car ce qui manque dans la pratique, c’est que ces génériques sont exemptés de tests cliniques et toxicologiques». «C’est la faille de notre approche», précise Jamal Taoufik, soulignant qu’il n’y a pas d’études de bio-disponibilité de nos molécules princeps ou génériques.
Donc aucune de ces molécules n’est conforme et ne peut garantir la sécurité et l’efficacité absolue. Chaque malade peut les refuser. Sur le plan économique, les génériques sont des médicaments moins chers (30 à 50 % moins chers) par rapport aux princeps mais qui doivent être appréhendés avec une réelle stratégie sanitaire.