Une quarantaine de chercheurs, décideurs et opérateurs de différents domaines venus de France, d’Algérie, du Burkina-Faso, du Bénin, du Cameroun, de Côte-d’Ivoire, de Mauritanie, du Sénégal, de Tunisie et du Maroc ont débattu, durant deux jours (vendredi et samedi derniers), des tenants et aboutissants de la relation banques et institutions de microfinance. Ils l’ont abordée à partir d’une question référentielle : ces deux institutions sont-elles des partenaires ou de véritables concurrents sur la voie d’un développement soutenable ? Les travaux qui se sont déroulés en quatre séances de conférences plénières ont permis aux intervenants de s’exprimer sur l’évolution du microcrédit au Maroc à la lumière d’expériences locales et internationales, le microcrédit face à la pauvreté selon les bénéficiaires, la microfinance et la crise financière internationale ainsi que les différentes typologies de partenariats banques-institutions de microfinance. Il ressort des interventions que la microfinance est venue à point nommé pour inclure les exclus du système bancaire classique, à savoir les jeunes, femmes ou autres personnes sans revenus stables. Au Maroc, cette activité est gérée par la loi 18/97 qui a été jugée par plusieurs intervenants comme restrictive sur le plan réglementaire car les associations ne sont pas autorisées à collecter de l’épargne alors que la bancarisation des personnes défavorisées reste faible. Commentant ce dernier point, la cheville ouvrière de ces journées, le professeur Samira Rifki, du laboratoire comptabilité, management et audit de la Faculté d’économie d’Oujda, a précisé que pour renforcer la contribution du microcrédit, «il faut que les associations déploient davantage d’efforts pour accompagner le client dans la phase du choix du domaine d’activité et dans l’étude et le montage du micro-projet. Elles doivent aussi initier les bénéficiaires du microcrédit aux méthodes de la gestion de l’entreprise (micro-entrepreneuriat)». Une approche qui a besoin de campagnes de communication orientées vers les populations défavorisées dans la perspective de leur faire connaître la microfinance et les opportunités qu’elle leur offre pour dépasser leur situation d’exclusion. «L’Etat, de sa part, doit prévoir des procédures d’encouragement pour les associations qui exercent dans ce domaine, dans la mesure où ces dernières jouent un rôle qui incombe, en principe, aux pouvoirs publics (lutter contre la pauvreté et la marginalisation) dans les endroits les plus enclavés et défavorisés», a ajouté Mme Rifki. Ceci dit, il ressort des recommandations que l’ensemble des intervenants dans ce domaine sont appelés à conjuguer leurs efforts à travers la création d’un comité de suivi entre universitaires et professionnels pour approfondir la réflexion commencée durant ces deux journées. Des réunions régulières sont aussi souhaitées sur la base de questions préparées à l’avance par les enseignants et qui impliquent aussi des banques commerciales intéressées par ce créneau.