De tout temps, les Oujdis ont été connus par leur engagement solidaire à l’égard de leurs concitoyens. Les familles se disputaient l’honneur de préparer le ftour du fkih de la mosquée avoisinante depuis belle lurette. La harira est distribuée à flot lors de chaque «sadaka», forgeant ainsi des habitudes louables de piété. Avec l’essor que connaît la ville, les formules de cette solidarité ont, certes, changé, mais le principe est resté intact. Pour des raisons de commodité et d’accessibilité, les bienfaiteurs optent de plus en plus soit pour une distribution de denrées alimentaires en faveur des familles nécessiteuses ou pour la distribution de repas à emporter, appelés communément les couffins de ftour. En parallèle à ces actions, des lieux publics ou des cafés se transforment en restaurants à l’heure de la rupture du jeûne pour accueillir voyageurs, pauvres, sans domiciles fixes ou tout simplement des personnes qui n’ont pas le temps de rentrer chez elles, dans un climat de convivialité.
Ces lieux sont connus par «les tables du ftour». Leur nombre ne cesse de s’accroître surtout dans une ville comme Oujda, où il n’y a pas de restaurants qui servent la harira durant le Ramadan. Les voyageurs ou les commerçants qui transitent par la ville sont ainsi également conviés à ces tables. On retrouve ces derniers dans plusieurs quartiers, mais essentiellement au centre-ville où trois espaces proposent des repas complets. Celui qui se trouvant juste à côté du souk Tanger accueille au moins trois cent personnes par jour. Au menu: harira, café au lait, dattes, oeufs, pains et zlabia. Tout le monde mange à satiété.
Une telle coutume vise à apporter l’aide nécessaire à des milliers de personnes, qui, pour une raison ou une autre, ne peuvent prendre un ftour chaud. Il y a aussi le cas des familles qui sont moins loties et qui se trouvent dans l’obligation de s’approvisionner dans ces centres. «Plusieurs familles préfèrent prendre leurs parts en toute intimité et rentrer chez elles, nous leur accordons cela avec toute l’humilité de cet acte solidaire», explique à ALM Driss Boujaoula, un mécène qui a pris l’habitude d’organiser ces tables du ftour depuis déjà huit ans. Et d’ajouter : «c’est une action qui demande une implication totale et un suivi quotidien. La préparation commence une semaine avant le Ramadan avec le choix du lieu qui convient et son équipement en matériel de restauration. Ce travail se poursuit d’arrache-pied afin d’assurer l’hygiène requise et la qualité des repas proposés. On ne peut s’approcher de Dieu que si on offre ce qu’on chéri le plus. Et c’est pour cela d’ailleurs que le ftour doit être complet. Sans aucune restriction de ce que chacun de nous fait chez soi», précise-t-il. Par ailleurs, plusieurs associations transforment leurs locaux durant le mois de Ramadan en restaurants proposant le ftour aux nécessiteux, aux voyageurs et aux personnes qui travaillent loin de chez-elles. D’autres actions d’associations ciblent des populations, à l’instar de ce que fait la Ligue marocaine de la protection de l’enfance qui a proposé des couffins contenant 25 kilogrammes de farine, cinq litres d’huile, quatre kilogrammes de sucre, un kilo de poids chiches, de lentilles, de tomate concentrée et de beurre. Une opération qui s’inscrit dans le cadre de son opération de solidarité Ramadan 2007. Cette action a touché trois cents familles du quartier périphérique de Sidi Yahia.