Héritée de père en fils et de génération en génération, la Tbourida est en passe de devenir un art réservé aux seuls initiés. En les voyant chevaucher dans les espaces réservés à des courses d’exhibition ou de fantasia, on les confondrait à des guerriers venus des temps révolus, mais à force de les observer de près on tombe sous le charme d’une complicité entre l’homme et son cheval.
Les hommes succombent sous la magie des chevaux maîtrisant au millimètre près leurs chevauchées. Des prouesses qui donnent au cérémonial de la Tbourida la spécificité d’une cavalcade aux allures locales. Confusions de sonorités de galops, d’harnachement somptueux, de fusils lâchant leur baroud et reflétant des rayons lumineux par l’effet des crosses ciselées et incrustées de nacre, embellies d’argent et/ou de bronze. Une consonance mélodieuse affermie par des youyous de femmes éblouies par la maîtrise qu’ont ces hommes de leurs arts. Des euphonies accentuées par une multitude de couleurs vives : montures multicolores, brodées en fils simples brillants ou en soie légère, donnent aux cuirs traditionnels des montures des effets de solidité et de finesse. De beauté aussi. Ambiance qui ancre par ailleurs tout un spectacle maîtrisé dans le registre de l’élégance masculine. De fait, les hommes sont aussi séduisants par leurs mouvements synchronisés, la maîtrise qu’ils ont de l’outil et de l’animal autant que par la précision de l’exercice qu’ils effectuent. Mais avant d’en arriver là, ces cavaliers dépensent entre 1.000 et 1.500 DH mensuellement pour tenir leur «compagnon» en forme.
C’est le cas de Mohammed Brigui, de la tribu Oulad Hyayna, province de Taounate, qui a déboursé 200.000 DH pour se procurer son cheval. Un cheval qui lui a permis de remporter plusieurs trophées. Au fait, Brigui fait partie d’une équipe d’hommes vouée à son art et à sa passion pour la Tbourida.