ALM : Quels sont les principaux objectifs de ce forum ?
Abdelhay Raïss : Depuis la création de ce forum en 2003, nous nous sommes penchés sur tous les problèmes environnementaux au niveau de la région. Nous luttons contre toute sorte de pollution, notamment celles de l’oued Sebou et des zones industrielles. Nous militons également pour plus d’espaces verts dans la région, car si l’on dit que chaque citoyen doit bénéficier de 10 mètres carrés d’espace vert, dans une ville comme Fès qui compte environ 1,4 million d’habitants, on se retrouve avec seulement 4 mètres carrés pour chaque individu. Notre rôle est d’exercer notre pouvoir de suggestion auprès des responsables et de tirer la sonnette d’alarme. Avec la nouvelle mode des résidences, on constate un véritable recul au niveau des espaces verts dans les villas, nouvellement construites. En fait, on part avec un plan qui respecte les 7% d’espace vert dont personne ne tient compte. L’exemple le plus frappant est celui du complexe résidentiel à côté de Moulay Yaacoub qui s’étale sur 70 ha dont cinq étaient réservés aux espaces verts. En plus, Il y a beaucoup de jardins qui ont purement et simplement disparus au profit du béton.
Pouvez-vous nous rapprocher des activités et préoccupations du forum ?
Nous avons manifesté notre volonté de protéger l’environnement depuis les années 80, avant même la création du forum, quand de simples citoyens ont mené une vaste campagne sous le thème «Des jardins pour tous». Nous avons réussi à restaurer et créer alors des jardins dans divers espaces dont notamment le jardin du Jasmin au quartier Zaza et le jardin du Maghreb Arabe sur le boulevard Lalla Meryem. Nous essayons de sensibiliser les citoyens sur les problèmes de l’environnement dans sa globalité mais aussi sur des cas particuliers. On œuvre également dans le cadre de la sauvegarde des arbres, ces poumons qui permettent à la cité de respirer. A ce niveau, nous intervenons dans le cadre de l’association de protection du chêne vert du Musée Batha. Nous avons toute une richesse à garder dont, entre autres, un arbre volumineux qui s’étend sur trois cents mètres carrés avec une hauteur de 80 mètres, l’olivier de Boujloud qui a à peu près mille ans et le platane de souk El Hanna. Nous sommes à la recherche d’autres arbres qui peuvent reconstituer la mémoire végétale de la ville. Le dernier projet auquel nous participons est celui du jardin botanique, situé sur la rive nord de l’Oued Fès.
En outre, nous avons entamé des projets de restauration des jardins de plusieurs établissements scolaires et administrations publiques. On compte s’occuper, dans la même foulée, des jardins délaissés, des jardins d’enfants et même des jardins privés (ceux des villas) qui donnent sur les grandes avenues. Déjà quelques citoyens ont commencé le travail en exploitant les espaces de leurs quartiers.
Parlez-nous du prix du meilleur balcon fleuri de Fès ?
A fès, les familles s’évertuaient et se surpassaient pour garnir et embellir, avec de belles bandes fleuries, les façades de leurs maisons traditionnelles. Aujourd’hui, c’est devenu vraiment rare de voir une plante sur les balcons des immeubles.
Nous voulons faire revivre les plantes et les arbres qui ornaient et égayaient la ville et qui sont en train de disparaître. Le concours du meilleur balcon fleuri, qui est à sa troisième édition cette année, s’inscrit dans le cadre des autres prix, dont notamment celui du journalisme vert.