2M : Des résultats à décoder

Faisant état de performances records, les résultats 2004 de la deuxième chaîne sont loin d’être partagés. Réuni le 19 janvier, le Conseil d’administration de 2M a en effet rendu compte d’un exercice pour le moins exceptionnel. En témoigne le résultat net au 31 décembre 2004 qui s’élève à 64 millions de DH.
Un résultat doublement considérable dans la mesure où il contraste aussi bien avec celui de l’exercice 2003, dans lequel le résultat net n’a été que de 26 millions de DH qu’avec les prévisions mêmes de la chaîne, plafonnant à 40 millions DH. L’augmentation est conséquente. Elle serait de 146%.
D’après un communiqué de 2M, cette performance a permis «d’équilibrer la situation financière nette de l’entreprise qui a enregistré une très forte amélioration grâce à une croissance de 40% du chiffre d’affaires ». Ce dernier est en effet passé de 290 millions de DH fin 2003 à 404 millions à fin 2004. Il inclut, et ce qui est remarquable et peu orthodoxe quand on veut afficher des résultats positifs, la subvention de l’Etat, qui est de l’ordre de 130 millions de DH.
Mais qu’en est-il vraiment ? Les Chiffres sont têtus, dit-on, mais ils n’en sont pas moins facilement manipulables. Selon un analyste de la place, les deux rapports les plus significatifs sont ceux qui expriment en pourcentage l’évolution des recettes et celle des dépenses.
L’évolution de 146% ne peut donc être mieux appréhendée qu’à la lumière de ces deux éléments. Des éléments qui, d’après une source proche du dossier, font ressortir, d’une part, une évolution de 39% en termes de recettes (chiffre d’affaires publicité) et, d’autre part, une hausse tout aussi conséquente des dépenses, d’un total de 76 millions de DH, estimée à 29%. Des estimations qui font que les résultats annoncés sont à relativiser.
Réelle, la hausse des recettes publicitaires obéit à une tendance générale observée tant au niveau mondial, la publicité sur écran ayant réalisé un chiffre d’affaires exceptionnel en 2004, que national, la première chaîne, via le Service autonome de publicité (SAP) ayant également connu une croissance dépassant les 50%.
A l’origine de l’amélioration des résultats de la chaîne, le communiqué précité fait valoir une meilleure allocation des ressources et un effort soutenu de réductions de coûts.
Un effort qui, d’après des observateurs, contraste avec les chiffres. Il s’agit, selon la même source, d’un phénomène anormal qui vient en contradiction aussi bien avec l’effort annoncé de réduction des coûts qu’avec la tendance baissière de 15%, que les dépenses devraient normalement observer.
La raison n’est autre que la chute de la cadence de production des émissions de 4 heures par jour en 2003 à 3 heures et demie en 2004, avec la suppression de plusieurs émissions politiques et d’autres destinées aux jeunes et aux enfants. En lieu et place des émissions «sucrées», la chaîne a mis en oeuvre des capsules hebdomadaires (Milaf Tibbi, Afak Talib…), avec un coût global de l’ordre de 2 millions de DH.
La chaîne s’est partiellement désengagée de la production de films et de téléfilms. Quelque 14 parmi les 18 téléfilms annoncés dans le communiqué-bilan, ont été engagés en 2003. 2M, qui a brillé par son absence dans les grands rendez-vous sportifs internationaux de l’année 2004, s’est également, et totalement, désengagée de la coproduction de films.
Relatant les efforts entrepris par la chaîne en matière de ressources humaines, le communiqué de la chaîne met en avant la formation et l’amélioration des compétences par la mise en place d’outils de management des RH et la création d’un Centre de formation aux métiers de l’audiovisuel.
Un effort qui se fait cependant sans qu’un organigramme clair, avec un partage précis des responsabilités, ne soit encore mis en place.
Les griefs du personnel de la chaîne sont à mettre au passif de ce manquement.