Après plusieurs mois d’instruction judiciaire, les magistrats de la Chambre criminelle près la Cour d’appel de Rabat ont rendu finalement leur verdict dans l’affaire de l’homme qui avait égorgé sa propre fille à Skhirat. Le père a écopé d’une peine de trente ans de réclusion criminelle. Selon le réquisitoire du procureur général, ce crime odieux avait été commis avec préméditation et guet-apens, donc passible de la peine capitale. Les premières déclarations du meurtrier, au moment des faits, expliquent en fait que le pourquoi de cette dramatique affaire est une histoire de déshonneur familial. Hanan, âgée de 17 ans, avait été surprise par son père alors qu’elle sortait avec un petit copain de sa classe. Ce qui n’est pas normal dans cette affaire relève tout d’abord des explications du père qui avait perdu sa famille bien avant l’incident dramatique qui a coûté la vie à son unique fille. Mohamed B avait, en 1992, usé d’une arme blanche contre sa femme ; il lui avait asséné un coup de couteau en plein visage. Et pendant qu’il purgeait sa peine de prison, elle l’avait quitté en embarquant la fillette âgée à l’époque de sept ans. Juste après sa libération, il a essayé de reprendre sa relation avec celle dont il avait balafré le visage. L’épouse avait tellement peur de lui au point de ne plus chercher à comprendre, elle avait refusé de se remettre avec celui qui lui avait fait un mal inoubliable. Il a donc commencé à se droguer en fumant du haschich et en faisant usage de psychotrope. Trois ans après, plus exactement en 1996, la femme qui avait demandé le divorce, obtient la séparation légale. Et malgré leur séparation officielle, Mohamed n’a jamais voulu accepter de quitter sa famille. Une fois certain de la décision de son épouse, il a commencé à lui reprocher d’être la cause de son malheur. Mais avant leur séparation, Mohamed travaillait dans les Forces armées et durant son incarcération il a été renvoyé de son travail. Le divorce la fin de sa vie professionnelle, les reproches à l’épouse tout cela attise en lui l’idée de la vengeance qui ne le quitte plus; celle qui a été la cause de son malheur devait payer et comment! Pour aller à l’école, la petite Hanan devait absolument passer devant la maison de son papa où il réside avec ses parents. A chaque fois qu’elle le rencontrait,elle avait droit à une bonne raclée sans aucune raison apparente. Pour un oui ou pour un non, elle se faisait tabasser. En fait, les seuls moments où Hanan était heureuse, se sont ceux de l’incarcération de son papa. Hanan a donc grandi dans une ambiance de haine, non seulement envers son vieux père mais à l’égard de toute sa famille et tout son Douar; elle l’appelait le village des malheurs. Pour pouvoir quitter ce monde de fous, son unique porte de secours était les études et, d’ailleurs, elle était parmi les meilleurs élèves de son lycée. Pour améliorer ses connaissances culturelles, elle s’était inscrite dans une association d’étudiants qui regroupe une centaine d’élèves de toute la région. Ladite association est présidée par un jeune étudiant du même lycée qui était en relation permanente avec tous les élèves de l’établissement. Mohamed saura la relation de sa fille avec le président de l’association. Pour lui, cette relation n’est pas normale et porte atteinte à son honneur. Il l’a attendue à la sortie du lycée équipé d’un grand couteau de cuisine. Sans lui adresser la parole ni lui demander des explications , il l’invite à le suivre dans les champs et s’acharna sur elle sans aucune pitié. Mohamed l’a égorgée comme un mouton. La justice l’a condamné récemment à trente ans de prison ferme.