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38% des mères allaitantes au Maroc appelées à utiliser des substituts du lait maternel

© D.R

Selon un nouveau rapport de l’OMS et l’Unicef

Un nouveau rapport de l’OMS et l’Unicef dénonce les pratiques abusives employées par les fabricants des préparations pour nourrissons, qui met à mal la nutrition infantile. Ce document intitulé «L’influence des techniques de commercialisation des substituts du lait maternel sur nos décisions en matière d’alimentation des nourrissons» montre que 51% des parents et des femmes enceintes interrogés dans le cadre de ce nouveau rapport ont déclaré avoir été visés par les stratégies de commercialisation des fabricants de substituts du lait maternel. Dans tous les pays ayant participé à l’enquête, les femmes ont exprimé un fort désir d’allaiter leur enfant exclusivement au sein.

Cette proportion est de 49% au Maroc contre 98% au Bangladesh. Notons que dans le cadre de ce rapport, 8.500 parents et femmes enceintes et 300 agents de santé ont été interrogés dans 8 pays, à savoir le Maroc, l’Afrique du Sud, le Bangladesh, la Chine, le Mexique, le Nigeria, le Royaume-Uni et le Vietnam. Selon le rapport, 38% des mères interrogées au Maroc ont déclaré avoir été exposées au marketing des préparations pour nourrissons contre 92% au Vietnam, 97% en Chine, 84% au Royaume-Uni, 39% au Mexique, 27% au Bangladesh, 24% au Nigeria et 21% en Afrique du Sud. Le rapport cite les réseaux sociaux, la télévision et les supermarchés comme les trois principaux canaux où la commercialisation du lait en poudre est vue ou entendue par les mères dans les 8 pays étudiés. Au Maroc, le marketing par le biais de la télévision est moins courant (22%) que par comparaison aux autres pays (86% au Vietnam, 84% au Mexique, 83% au Nigeria…). Les réseaux sociaux sont de loin les plus utilisés au Maroc comme canaux de commercialisation avec un taux de 78% contre seulement 4% concernant les supermarchés. Par ailleurs, le rapport révèle que 19% des mères au Maroc ont reçu un échantillon gratuit de substitut du lait maternel à l’hôpital, 20% à l’extérieur de l’hôpital.

A noter que 26% l’ont obtenu soit à l’intérieur ou hors hôpital. Autre constat inquiétant, le rapport indique «qu’un grand nombre de professionnels de santé dans tous les pays ont été approchés par l’industrie des aliments pour bébés en vue d’influencer les recommandations qu’ils font aux nouvelles mères via des cadeaux promotionnels, des échantillons gratuits, des financements pour la recherche, des réunions, des événements et des conférences rémunérés, et même des commissions sur les ventes, autant de procédés qui ont une incidence directe sur les choix des parents en matière d’alimentation. Plus d’un tiers des femmes interrogées ont déclaré qu’un(e) agent(e) de santé leur avait recommandé une marque précise de substitut du lait maternel», indique le rapport. Au Maroc, la proportion des femmes ayant reçu des recommandations des professionnels de santé pour utiliser des substituts du lait maternel est de 38% contre 57% pour le Bangladesh, 45% pour le Nigeria, Mexique (40%), Royaume-Uni (30%), Afrique du Sud (22%), Chine (17%). Pour remédier à cette situation, l’OMS, l’Unicef appelle les gouvernements, les professionnels de santé et les fabricants d’aliments pour bébés à mettre fin aux pratiques de commercialisation abusives des substituts du lait maternel.

Parmi les principales recommandations figurent l’adoption et l’application d’une législation visant à empêcher la promotion de ces substituts et d’en suivre les effets, conformément au Code international, y compris en interdisant aux fabricants d’alléguer les bienfaits de leurs produits pour la nutrition et la santé. Les gouvernements doivent investir dans des politiques et des programmes qui favorisent l’allaitement maternel, notamment dans l’instauration d’un congé parental rémunéré et adéquat, conformément aux normes internationales, et de fournir un soutien de grande qualité en matière d’allaitement. L’Unicef et l’OMS estiment qu’il est primordial d’interdire aux professionnels de santé d’accepter le parrainage de bourses d’études, de prix, de subventions, de réunions ou d’événements de la part d’entreprises qui commercialisent des aliments pour nourrissons et jeunes enfants.

Rappelons que la mise au sein dans la première heure après la naissance, suivie de l’allaitement maternel exclusif pendant six mois et de la poursuite de l’allaitement au sein jusqu’à l’âge de deux ans ou plus, constitue un rempart puissant contre toutes les formes de malnutrition de l’enfant, y compris contre l’émaciation et l’obésité. L’allaitement maternel fait également office de premier vaccin pour les bébés car il les protège contre de nombreuses maladies infantiles courantes. Il réduit par ailleurs le risque de diabète, d’obésité et de certaines formes de cancer chez les femmes. A l’échelle mondiale, seuls 44% des enfants de moins de 6 mois sont exclusivement nourris au sein.

 

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