L’association EMA en partenariat avec la Fondation TGCC vient de lancer la 3ème édition de EMArt sous le thème «Sens». 16 artistes ont répondu présent en soutien à l’ONG Enfance Maghreb Avenir pour une levée de fonds en faveur du centre de formation et d’insertion établi par EMA à Nouaceur. Ce centre, basé à Zaouia, accueille les jeunes de 18 à 25 ans et plus ayant quitté l’école en raison d’échecs scolaires ou de situations familiales précaires. Les jeunes porteurs de projets ont la possibilité d’intégrer cette structure pour bénéficier d’une formation et d’un accompagnement dans la concrétisation de leurs projets ou la recherche d’un emploi. Les formations proposées incluent des cours de base en français et en arabe, ainsi que des filières en infographie, bureautique, hôtellerie et restauration. Des cours de gestion et un soutien pour le financement de projets sont également disponibles. Pour cette nouvelle édition intitulée «Sens», EMArt invite les artistes et le public à une réflexion profonde sur la multitude de sens que peut révéler une œuvre. Face aux multiples crises actuelles telles que la guerre en Ukraine, les conflits au Moyen-Orient, le changement climatique, les migrations, la perte de biodiversité, les nouvelles pandémies, la pollution, etc., la question du sens se pose de manière cruciale. Et c’est dans ce contexte que 16 artistes participants sont venus offrir des perspectives qui interpellent l’essence même de l’existence et invitent à réfléchir sur la direction prise pour l’avenir à propos des valeurs humaines. L’exposition «Sens» présentée à la galerie TGCC du 30 mai au 25 juin 2024 offre une occasion de réflexion profonde et incite à s’engager en faveur d’actions concrètes pour un changement social significatif et profond.
Questions à Najate Limet, présidente de l’association EMA (Association Enfance Maghreb Avenir)
Une réhabilitation des écoles publiques bien orchestrée
ALM : Quelles ont été vos motivations à axer vos efforts sur la réhabilitation des écoles publiques au Maroc ?
Najate Limet : Quand je me suis investie dans l’éducation au Maroc, c’était pour moi un devoir. Je voulais donner au Maroc ce qu’il m’avait donné puisque je suis issue de l’enseignement marocain public. Du fait que l’école publique a perdu sa notoriété et cette confiance que les parents lui faisaient, c’était mon devoir de lui rendre un peu hommage pour lui rendre sa légitimité quelque part… Car je trouve personnellement qu’abandonner l’école publique c’est aussi abandonner un droit. Je voulais offrir à des enfants dont les parents ne peuvent pas payer d’école privée des écoles dignes de ce nom.
Vous travaillez en partenariat avec le ministère de l’éducation nationale?
Oui, depuis toujours nous travaillons avec le ministère de l’éducation nationale. Et ce qui m’a vraiment encouragée à continuer c’est qu’avec l’INDH, un budget a été déployé, depuis 2015, pour s’attaquer à ce que l’on appelle les «préfabriqués» (ndlr : écoles construites avec du préfabriqué). En clair, les actions de l’association ont permis d’apporter des fonds privés mais l’INDH a, aussi, contribué financièrement ; ce qui a permis de faire un beau travail. C’est ainsi que sur la région de Nouaceur, il n’y a plus de préfabriqués. Ce qui est extraordinaire.
Concrètement, comment vous travaillez au sein de l’association pour mener à bien ces actions de réhabilitation des écoles ?
On construit dans les règles de l’art avec un architecte, un bureau d’études, un laboratoire, un contrôleur. Le dossier ficelé est remis au département en charge au sein du ministère de l’éducation nationale et pour les faire titrer après.
De combien dispose l’association en termes de ressources humaines ?
La structure est soutenue par une trentaine de bénévoles. Par contre, au Maroc, nous avons des salariés qui sont tous marocains. En France, il n’y a que des bénévoles car le but est de récolter de l’argent et l’envoyer au pays pour réhabiliter les écoles publiques qui en ont besoin.
Le mot de la fin peut-être…
Le projet de l’école de la seconde chance a été lancé, en 2018, par SM le Roi Mohammed VI et EMA a suivi l’action en ouvrant, en 2019, la première école de réinsertion des jeunes de 18 à 25 ans à Nouaceur. L’INDH a pris le relais et aujourd’hui, nous œuvrons ensemble pour ouvrir des centres de formation d’insertion sociale pour les jeunes. Le but est de former ces jeunes qui ont abandonné l’école à des métiers pour les réinsérer dans la vie active. Cette opération est effectuée conjointement avec les entreprises. C’est une action Publique/ privée.