Etude «Enseignement au temps de Covid» du Conseil supérieur
Près de 62% des enseignants ne sont pas satisfaits voire pas du tout de leur expérience de l’enseignement à distance et seulement 35,4% se déclarent satisfaits. C’est ce qui ressort de l’enquête d’une étude intitulée «Enseignement au temps de Covid» présentée dernièrement lors d’un atelier organisé entre l’Instance nationale d’évaluation auprès du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, en partenariat avec l’Unicef. Une enquête menée pour identifier les pratiques, les opportunités et les défis au niveau pédagogique pendant la pandémie. La même étude montre en effet que les enseignants ont largement démontré leur implication pour assurer la continuité pédagogique, puisque 82,6% ont pratiqué l’enseignement à distance pendant le confinement, en recourant à leur matériel personnel. Seuls 21,3% des enseignants déclarent avoir effectivement utilisé la plateforme Telmid- Tice développée par le ministère de l’éducation nationale. Ainsi l’outil largement utilisé par les enseignants et les élèves pour assurer la continuité pédagogique à distance était WhatsApp (70,4%). L’étude précise que 13,5% des enseignants interrogés ne maîtrisent pas les TIC, 67,1% ont un niveau moyen et seuls 19,4% ont un niveau très élevé ou élevé.
L’enseignement à distance a fait apparaître l’exclusion des élèves du milieu rural
Il résulte de l’étude que les inégalités sociales avaient un impact déterminant. Selon la même source, les enfants des familles à revenu faible ont dû faire face à des conditions d’apprentissage difficiles. «Souffrant d’abord du manque de moyens ou de l’indisponibilité des équipements pour suivre les cours, ces élèves rapportent également d’autres contraintes liées, par exemple, à l’exiguïté du logement, au surpeuplement ou encore à un entourage familial peu encourageant. Les filles, plus particulièrement, ont été davantage sollicitées pour les tâches ménagères au détriment de leur scolarité», indique-t-on. Par ailleurs, l’enseignement à distance a fait apparaître l’exclusion des élèves du milieu rural. «Si les disparités ont existé avant la période pandémique entre les milieux et les couches sociales, l’enseignement à distance les a exacerbées et a fait apparaître l’exclusion des élèves du milieu rural et des familles défavorisées».
52% rassurent que la présence de leurs élèves aux cours a été faible
Ladite enquête a conclu que 36% des enseignants estiment que l’enseignement à distance a eu un effet négatif sur les apprentissages. D’ailleurs 27,5% affirment, au contraire, qu’il a eu un impact positif, et 13,5% considèrent qu’il n’impacte nullement les apprentissages des élèves. «Le reste ne sait pas. Un peu plus de la moitié des enseignants interrogés (52%) qui ont assuré l’enseignement à distance estiment que la présence de leurs élèves aux cours à distance a été faible à très faible». Le sondage montre que le niveau de présence des élèves aux cours à distance dans le milieu rural est plus faible en comparaison à celui des élèves scolarisés dans le milieu urbain. «61,8% des enseignants exerçant dans le milieu rural ont déclaré que la présence de leurs élèves était faible à très faible, contre 44,8% chez les enseignants du milieu urbain», relève la même source. Pour noter, les résultats de cette évaluation mettent en avant le vécu de l’expérience des enseignants et des élèves, d’une éducation livrée sous forme d’enseignement à distance. Ces résultats offrent un constat sur l’«enseignement au temps de Covid», mais également sur les perspectives d’avenir de l’enseignement à distance ainsi que les exigences de la relance post-pandémie pour réussir non seulement la transition numérique mais essentiellement la réforme de l’éducation.