Société

À 15 ans, un repris de justice s’évade d’un centre de rééduction

C’était jeudi 3 janvier. Il est quatorze heures. Le train s’arrête à Temara.
«Ce train passera-t-il par Kénitra?», me demande ce garçon qui vient de monter dans le dernier wagon. Petit de taille, visage ovale et cheveux châtains. Il est vêtu d’un tricot vert, une jacket en cuir marron et un pantalon blanc cassé. Tous en loques. Il m’interroge par la suite :
« Le contrôleur, arrive-t-il jusqu’au dernier wagon »
« Je ne sais pas », lui-ai-je répondu.
Il s’asseoit sur le plancher du train. Il semble qu’il s’en fout, de toute façon. La curiosité me pousse à causer avec lui. Avec l’innocence de tous les enfants, il n’a pas créé une distance entre nous. Dans quelques secondes il m’a appris qu’il a quinze ans et demi, qu’il est l’aîné de ses deux frères, orphelins du père et que seule leur mère se débrouille pour veiller sur eux. Et je lui ai demandé :
« D’où viens-tu »?
« Je me suis enfui de la maison de réforme de Temara », a-t-il dit.
Qu’est-ce que tu faisais là-bas?
Je purgeais une peine d’emprisonnement d’un an ferme pour vol. Combien tu as déjà passé ?
Non, je viens d’être condamné, il y a trois jours par le tribunal de première instance de Kenitra, après avoir passé cinq jours au commissariat de police.
Ah bon, et comment tu es arrivé à t’enfuir ?
Le responsable m’a recruté à la cuisine et j’ai saisi la première occasion pour m’évader. Est-ce qu’il est facile de s’évader de cette maison de réforme ?
Oui il est très facile, je m’y suis déjà évadé, il y a un mois lorsque je purgeais une peine de six mois pour vol. Mais j’n’y ai passé que quatre mois. Tu es donc déjà expérimenté. Il sourit sans réponse et baisse sa tête, avant que le contrôleur le surprenne. Il le descend une fois le train arriveé à la gare de Rabat-Agdal. Alors que l’enfant voulait rejoindre sa famille à Kénitra. Je ne sais pas pourquoi je ne lui ai pas demandé son nom. Mais c’est vrai que ce n’est pas important. Ce qui importe c’est sa mésaventure et ses mobiles, qui incarnent celles de milliers d’enfants de notre pays, abandonnés à leur propre sort pour embrasser le monde de la délinquance en l’absence de une politique permettant de les sauver le plus tôt possible.

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