Société

A 67 ans, il tue sa femme

Hay Inbiât, à Salé. Mercredi 17 juillet 2002. Vingt heures. Bachir est chez lui avec ses huit enfants, dont l’aîné est à son trentième printemps, tandis que son benjamin est à ses douze ans. Sa femme n’est pas encore chez elle. Où est-elle ? Personne ne sait au juste, ni son époux, ni ses enfants. Son fils, le cadet, l’a vue vers seize heures en train d’enfiler sa djellaba. Mais il ne lui a pas demandé sa destination.
Elle s’appelle Malika, âgée de cinquante-trois ans. Ce n’est pas la première fois qu’elle agit ainsi. Il y a trente ans, elle sortait pour bavarder, rigoler, danser et passer des nuits «rouges». Certes, son mari, Bachir, n’était jamais content de son comportement, le lui reprochait tout le temps, lui demandait de s’intéresser à son foyer, de faire son possible pour veiller sur lui. Mais en vain. Malika ne s’intéressait qu’à elle-même sans prêter la moindre attention aux paroles de son mari. Une fois qu’il sort pour se rendre à son boulot, elle prépare le déjeuner pour sortir par la suite chez ses amies. «Mais que font ces jeunes filles chez toi? Je n’en ai cure de ce que tu leur prépares, il faut que tu prennes soins de ton foyer…», lui dit son mari quand il a vu pour la première fois deux filles de dix-huit ans chez elle. Elle ne lui répond pas. Il sort à destination de son job avec une tête pleine de questions. «Mais qu’est ce qu’elle fait cette femme? Pourquoi je n’ai pas remarqué son comportement la première fois que je l’ai vue ?», se demande-t-il. Il ne savait pas que l’amour rend parfois aveugle. «Et l’argent dont elle dispose, d’où est-ce qu’elle se le procure ?», s’interroge-t-il.
Quand il lui a posé cette question, elle a répondu qu’elle le recevait de chez sa mère. «Mais tu as tout ce dont tu as besoin…». Elle a gardé le silence n’ayant rien à dire. Bachir était généreux avec elle et il prenait soin de son foyer coûte que coûte. Les années passent et Bachir et Malika grandissent et leurs enfants également. Mais Malika se comporte encore comme une adolescente, qui aime encore fréquenter les boîtes de nuit, fréquenter des adolescentes…. Son mari ? Elle le traitait hautainement. «Tu n’es pas un homme pour m’interdire de sortir…Je vais sortir et rigoler comme je veux…», lui lance-t-elle un jour sur un ton nerveux quand il lui a demandé de rester chez elle, auprès de ses enfants. Elle est allée plus loin dans sa protestation contre lui : «…C’est toi qui dois veiller sur les enfants…Je suis encore jeune et je ne dois pas perdre mon temps à élever tes enfants…» Elle s’est comportée comme si les enfants n’étaient pas les siens.
Jeudi 18 juillet, à une heure du matin, Malika n’est pas encore rentrée. Bachir, comme à l’accoutumée, a préparé le dîner à ses enfants qui se sont endormis. Il reste seul. La fumée des cigarettes a empli sa chambre. Les yeux fixés sur la télévision mais son esprit était ailleurs. «Comment prétendre que je suis un homme alors que ma femme est encore dehors?… Je me demande si ces enfants sont bien les miens ? Il faut mettre un terme à cette mascarade…», se dit-il. Des idées maléfiques commencent à germer dans son esprit. Il lui semble que cette nuit est la plus longue qu’il ait vécue durant ses soixante-sept ans. Et cette aube qui tarde à venir, comme si ce jeudi voulait rester sombre comme la nuit.
A huit heures du matin, les yeux de Bachir ne sont pas encore fermés. Son cendrier est plein de mégots. Ses enfants se sont réveillés et aucun d’entre eux n’a demandé sa mère. Ils se sont habitués à son absence. Ils aiment follement leur père, le soutiennent à chaque fois qu’ils se rendent compte qu’il est triste, accablé et taciturne. «Vous devez aller à vos écoles le plus vite possible», leurdemande-t-il. Ils se contentent d’échanger les regards en prenant leur petit-déjeuner sans dire un mot. L’aîné a pourtant tenté de le consoler, mais Bachir lui a demandé de le laisser tranquille.
Il est neuf heures. Bachir est seul à la maison. Il s’assoit au salon. Quelques minutes plus tard, la porte s’ouvre, Malika entre. Elle ne lui a pas adressé la parole. Il se lève sans l’interroger, se rend à la cuisine et revient au salon. En le voyant revenir, elle ouvre la bouche, l’interroge avec une grande stupéfaction : «Qu’est-ce que tu veux faire Bachir, soit tranquille».
Bachir n’est plus le même. Il avance vers elle, un couteau à la main. Une fois à sa portée, il n’hésite pas la rouer de coups de couteau sans pitié et comme un fou. Malika rend aussitôt l’âme et Bachir s’est présenté immédiatement au commissariat du 9ème arrondissement. «J’ai tué ma femme qui ne me traitait pas comme un vrai mari…», avoue-t-il à la police. Mais était-ce la solution convenable de finir ses jours en prison à cause d’une femme infidèle ?

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