Société

À la recherche d’une identité

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Troisième sexe, transsexuels ou tout simplement travestis… Des appellations que certains attribuent à tort et à travers à tout individu ayant choisi de changer de sexe. Loin de répondre à un besoin pervers, dans la majorité des cas, cette intersexualité lève le voile sur une souffrance indéniable. Ces personnes n’ont pas choisi le changement, mais il leur a été imposé. Ils sont deux êtres qui s’opposent dans le même corps, tiraillés entre deux identités perdues. L’intégrité anatomique est ainsi menacée par la présence d’une anomalie pathologique jusqu’à présent taboue. Il s’agit de l’ambiguïté sexuelle. Socialement, cette anomalie peine à être reconnue. Ainsi, l’identité du genre, conventionnellement établie, est en quelque sorte ébranlée. Dans une société conservatrice, telle que la nôtre, il est imprévisible de concevoir un tel changement. Les images stéréotypées, le regard de l’autre ainsi que les jugements fortuits font de ces cas cliniques une excentricité. Conséquence : les personnes souffrantes fuient la stigmatisation , se livrent au silence et sombrent dans une dualité irréductible. Elles se voient élever dans un genre qui n’est pas le leur au moment où leur sexe biologique dévoile une forme équivoque. En effet, la science a défini l’ambiguïté sexuelle en tant qu’«aspect non ou mal différencié des organes génitaux externes ou à un état de discordance entre les organes génitaux externes et internes». Le déclanchement se déclare à partir de l’état néo-natal. «Le terme d’ambiguïté sexuelle s’applique aux nouveau-nés chez qui le sexe ne peut être déterminé cliniquement du fait de la présence d’une anomalie de la taille du pénis ou du clitoris, d’une localisation anormale de l’orifice urétral et de l’absence de palpation d’au moins un testicule», énumère le docteur Mounia Hafid, chirurgienne pédiatre. Le développement de cette ambiguïté dépend de facteurs hormonaux qui aboutissent dans certain cas à une masculinisation ou une féminisation du genre. L’une des formes les plus répandues de ces anomalies figure l’hermaphrodisme. Il est identifié par la présence chez le même individu de caractères sexuels des deux sexes. Diagnostic : les taux de testostérone et d’oestrogènes s’inhibent l’un et l’autre aboutissant à une croissance anormale des seins, système pileux et organes externes. «Devant ces situations, il est capital d’établir un diagnostic le plus précoce et le plus précis possible conciliant l’incessante détermination du choix du sexe à travers lequel l’enfant va être élevé à une démarche diagnostique et thérapeutique rigoureuse», souligne le docteur Hafid. Toutefois, nombreuses sont les familles qui ont choisi d’affronter avec indifférence cette condition. Et pour cause, l’annonce du diagnostic induit un traumatisme psychologique chez elles. «La naissance et la déclaration civile du nouveau né constituent le point de rencontre du bébé imaginaire «porté» et du bébé réel», note la praticienne. Bien que certaines personnes ont osé le changement, la procédure administrative continue de faire défaut au Maroc. «Aucun texte de loi ne régit cette situation. D’ailleurs aucun cas nous a été exposé jusqu’à présent» , indique Rachid Ahfoud, président de chambre à la Cour d’appel à Casablanca. Et de poursuivre : «toute intervention juridique est de l’ordre de la jurisprudence. Le demandeur doit, dès lors, être soumis à une expertise médicale qui tranchera dans l’affaire». Face au mutisme des familles et l’absence des procédures juridiques, l’avenir de ces patients demeure réellement ambigu.


Malgré leur célébrité, ils ont dévoilé leur différence

• Noor : L’artiste marocaine a longtemps souffert de la confusion identitaire et sexuelle et pourtant elle a su briser le tabou et s’affirmer en tant que femme. Depuis plus d’une décade, elle vit en phase avec elle-même. Le passage de Nourredine à Noor marque une étape déterminante dans sa vie et dans un Maroc où l’ambiguïté sexuelle se vit à l’ombre. Aujourd’hui, elle se déclare en tant que «femme épanouie, débordante de sensualité et de sensibilité». Son passé n’est qu’un flash-back. Elle fuit la condamnation, le jugement fortuit de l’autre et se lance en toute liberté dans les cieux de la célébrité. Bien qu’elle ait fait parler d’elle, elle a gagné l’estime d’un grand nombre de personnes qui ont salué son courage et son militantisme en faveur de personne souffrant en silence.

• Erik Schinegger: le skieur alpin autrichien était considéré comme une femme en raison d’une mauvaise conformation sexuelle. Sous le nom d’«Erika Schinegger», il est devenu champion du monde de descente en 1966 et a remporté une victoire en Coupe du monde de ski en 1967. Un test médical pratiqué lors de l’hiver de la même année établit qu’Erika était un homme : son sexe s’était développé à l’intérieur et il n’avait donc pas été identifié correctement pendant de longues années. Il décida alors de se faire opérer et de changer son prénom. Il se maria et devint père d’une petite fille, Claire. Il a écrit un livre intitulé «L’Homme qui fut championne du monde: ma victoire sur moi-même» dans lequel il raconte sa vie.

• Mokgadi Caster Semenya : est une célèbre athlète sud-africaine, spécialiste du demi-fond. Née en 1991 à Pietersburg, Caster Semenya devance en 2009, la Kényane Janeth Jepkosgei et réalise une nouvelle performance mondiale lors du championnat du monde de Berlin. Son apparence et sa voix, particulièrement masculines, font débat. L’Association internationale des fédérations d’athlétisme décide de la soumettre à des tests de féminité quelques heures avant la finale de Berlin. L’athlète est hermaphrodite avec une production inhabituelle de testostérone et un syndrome de l’insensibilité aux androgènes. Malgré le diagnostic, la Fédération sud-africaine, a confirmé son inscription au 800 m des championnats qu’elle a remporté.
 

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