La ville de Marrakech vit, depuis quelque temps, d’importantes transformations urbanistiques susceptibles de prendre plus d’ampleur à l’avenir. Les experts en urbanisme n’ont pas manqué, cependant, de tirer la sonnette d’alarme quant aux incidences de ces transformations sur l’identité culturelle et civilisationnelle de la ville. L’un des aspects de ces transformations est l’affluence des étrangers pour l’acquisition des anciennes maisons dans la médina qu’ils s’emploient à restaurer en vue d’en faire des résidences touristiques intruses, au sein des quartiers de la ville. En parallèle, prolifèrent dans la périphérie des habitations éparpillées ça et là donnant naissance, dans l’illégalité, à de petits îlots de pauvreté. La densité démographique qui découle de cette situation, a un impact négatif sur le tissu urbanistique de la ville, eu égard au nombre important des nouveaux habitants, dont le flux s’explique par la précarité de leurs conditions économiques et sociales. Celles-ci n’ont pas manqué d’avoir des retombées sur la morphologie générale de la ville dont les caractéristiques commencent à s’étioler du fait de ces transformations. Des experts en matière d’urbanisme ont, ainsi, relevé que le tissu urbanistique de la ville se caractérise par l’incohérence et l’absence de passerelles entre les quartiers éloignés les uns des autres, de même que le plan et l’harmonie architecturale de bon nombre d’édifices modernes sont antinomiques avec les immeubles atteignant une grande hauteur qui se croisent avec les constructions vétustes et linéaires. Par ailleurs, selon des statistiques, l’Agence urbaine de Marrakech a étudié l’année dernière 3132 dossiers concernant les opérations de construction. Elle a, ainsi, donné son accord à 2276 soit 90 % des dossiers qui lui ont été soumis. L’habitat économique vient en premier, selon une source professionnelle, avec 80 %, suivi des villas avec 51 % , les 5 % restant ont été consacrés aux immeubles. Pour Allal Benabderrazik, architecte et promoteur immobilier, il y a nécessité de veiller sur la qualité du produit et de revoir la politique suivie dans le domaine de l’habitat économique, préconisant à ce propos de renoncer à la construction d’habitations ne dépassant pas 60 mètres carrés. Car, ce genre de logement ne correspond pas, selon lui, aux spécificités marocaines en matière de logement.