Est-ce la faute des intervieweurs qui n’auront peut-être pas su pousser Lahjouji dans ses retranchements ? Sans doute non. Il reste qu’au-delà de l’énoncé de quelques principes généraux, on n’aura pas touché cette innovation bouleversante que l’on était en droit d’attendre d’un ex-patron du patronat, devenu politique. Lahjouji à la tête de Forces Citoyennes adhère à l’esprit du pluralisme politique, qui a fait ses preuves en France et en Belgique, s’attache à l’indépendance de la justice, qui a eu ses dépassements lors de la campagne d’assainissement de 1996, croit en la légitimité de la réhabilitation des victimes des années de plomb, à condition que cela ne procède pas d’un esprit de vengeance. Mais, ces intentions louables étant enregistrées, que reste-t-il de la fougue d’un ex-patron des patrons ? Il aura fallu se résoudre à suivre l’ex-patron de la CGEM sur le terrain de la politique économique, pour dégager les esquisses d’un programme de parti. La balle est tout de suite mise dans le camp du gouvernement. Son rôle est «crucial » et il ne pourra s’en sortir qu’en déclarant la guerre aux «dépenses non productives», aux emplois non productifs, aux procédures longues et coûteuses et même aux recettes non productives, comme l’IGR. D’ailleurs, sur ce chapitre, c’est toute la fiscalité qui est prise à partie, l’Etat devant impérativement revoir le taux de l’IS appliqué aux PME, voire à terme s’en affranchir. Car, seule la compétitivité pourra sauver le pays. Ceci dit, que l’on ne vienne pas accuser Force citoyennes, surtout en période électorale, de prôner un libéralisme sauvage. Abderrahim Lahjouji rectifie le tir. FC prône un libéralisme plutôt à gauche, un libéralisme solidaire. Petite démarcation tout de même dans l’ébauche d’un programme politique qui, pour beaucoup, cadre un peu trop avec les revendications classiques de la CGEM. Cette première sortie médiatique aurait pu consacrer la rupture de Forces citoyennes avec des pratiques partisanes qui ont blasé les électeurs. Lahjouji, leader politique, tenait là l’occasion de rassurer les sceptiques et de mobiliser cet important potentiel révélé par les sondages ( voir ALM du mercredi 28 novembre ), a-t-il convaincu? L’avenir dira à quel point.