Société

Affaire de bonnes

«La pauvreté m’a obligé d’abandonner mon enfant qui est allé travailler en contrepartie d’une misérable somme d’argent, 400 dirhams par mois, et de le priver de la chaleur familiale. J’ai quatre autres filles qui travaillent également comme bonnes ici à Casablanca. Leurs « revenus » constituent ma seule source. C’est un peu dur, mais je n’ai pas d’autres choix.» Ainsi s’exprime un père, Daâmach M. paysan dans les environs de Berrechid. D’autre part, M. El Arbi, résidant aux carrières de Hay Mohammadi à Casablanca, a une autre explication. «Non, ce n’est pas pour une misérable somme d’argent que j’ai été obligé de «livrer» un enfant que j’aime à cette famille. J’ai sept enfants et je n’ai ni maison ni terre, et encore ni emploi fixe. J’ai voulu, qu’au moins celle-là puisse bénéficier d’une vie décente, d’une alimentation adéquate et régulière, qu’elle soit vêtue et logée, qu’elle connaisse un semblant de bonheur chez cette famille.» Au-delà des raisons qui poussent certains parents à envoyer leurs jeunes filles pour de telles « fonctions », il est à souligner que leur emploi passe généralement par des intermédiaires, qui en font leurs choux gras. Et c’est là précisément où les choses prennent une autre tournure. Parfois, ils poussent l’indécence jusqu’à exploiter ces jeunes innocentes pour monter des coups à leurs employeurs à des fins diverses. Il est vrai que les cas de violence, de comportement agressif ou de discrimination de la part des maîtresses de maison envers les bonnes ne manquent pas. Elles travaillent, dans certains cas, dans des conditions qui soulèvent les coeurs et bouleversent les consciences. Assurément, l’absence de lois réglementant cette profession y est pour beaucoup. Lorsque la question des droits de l’Enfant se pose, tout le monde est d’accord. Personne ne les désavoue ou s’y oppose. Cependant, que des petits, qui constituent la relève de demain, peinent dans des ateliers et les maisons, dans les chantiers et les usines et les grandes maisons. Tant qu’ils fuient par désespoir, tant qu’ils sont livrés aux châtiments corporels, parfois jusqu’à ce que mort s’ensuive, peut-on raisonnablement parler de droits de l’Enfant ? Il faut dire que toute personne, qu’il s’agisse d’un enfant ou d’un adulte, et quel que soit le travail qu’elle exerce, est digne de respect. Toutefois, force est de constater que la honteuse exploitation à laquelle sont livrées les travailleuses de maison est encore aggravée par le vide juridique qui caractérise notre pays en la matière. Le moins qu’on puisse dire est que le Maroc est très en retard par rapport à plusieurs pays qui ont déjà, depuis belle lurette, établi des garde-fous dans ce domaine.

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