Société

Afrique du Sud : la prison pour des policiers racistes

Jacobus Smith, 30 ans, a été condamné à sept ans de prison dont deux avec sursis, et ses collègues Lodewyk Koch, 32 ans, Benjamin Henzen, 32 ans, et Eugene Truter, 28 ans, chacun à six ans de prison dont deux avec sursis, par la Haute Cour de Pretoria. Les quatre hommes avaient été jugés coupables le 19 novembre de violences volontaires aggravées. Henzen et Truter ont aussi été condamnés pour entrave à la justice, pour avoir brouillé les pistes par de fausses notes sur le registre de leur unité. Ils plaidaient tous coupables. Deux autres accusés pour les mêmes faits, Nicolaas Loubser et Dino Guitto, ont pour leur part plaidé non coupables et doivent être jugés lors d’un procès distinct en juin 2002. Les six policiers Afrikaners, membres de l’unité canine du Nord-est Rand (est de Johannesburg), avaient été filmés en janvier 1998, lâchant leurs chiens sur trois clandestins mozambicains, soumis à de longues et sauvages morsures et à une avalanche de coups et d’insultes racistes. Les images vidéo amateurs, prises par un collègue, et apparemment vendues à la télévision publique SABC par un autre policier, avaient bouleversé l’Afrique du Sud à leur diffusion en novembre 2000. Elles avaient fait le tour des télévisions du monde. A l’énoncé des peines, Eugen Truter, qui avait tremblé au long de l’audience, a éclaté en sanglots. Dans le public Rina Smith, la mère du principal accusé, a crié «Non ! Il est fou !», à l’adresse du juge. Aucun trouble n’a été signalé autour de la comparution. A l’extérieur du Palais de Justice, seule une poignée de manifestants d’organisations non-gouvernementales étaient rassemblés, protestant contre la violence policière. Lors du procès, un accusé, mais aussi d’anciens maîtres-chiens de la police, avaient révélé que la pratique « d’exercer » les chiens à l’attaque sur des «appâts vivants» était courante depuis des années. Pendant l’apartheid, sur des Noirs qui n’avaient pas leur laisser-passer, et depuis sur des immigrés en situation irrégulière, peu susceptibles de porter plainte. S’il est vrai que de telles pratiques sont courantes- «c’est choquant, il faut espérer que cela ait cessé» -, cela n’enlève rien à la gravité des crimes des accusés, a commenté le juge. L’avocat des victimes, Jose Nascimento, a indiqué que ses clients étaient « satisfaits des justes peines » prononcées, et qu’ils engageraient sans doute des poursuites civiles contre la police et les accusés, en vue de dommages et intérêts. Alexandre Timane, 23 ans, son frère Gabriel, 24 ans, et Sabastiao Cossa, 25, sont depuis l’incident devenus résidents sud-africains, et sont sous un programme de protection judiciaire. Au procès, ils avaient dû revivre leur cauchemar, lors de la projection des interminables 40 minutes de vidéo. Une influente ONG sud-africaine, le Centre pour les Etudes de violence et de réconciliation, a salué les sentences, mais a appelé «au moins à une enquête disciplinaire» pour remonter la chaîne de responsabilité à l’instructeur et au commandant des accusés, tous deux mis en cause lors du procès.

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