Aide sociale directe : les détails d’une révolution royale

Budgets, montants, calendrier, procédures… les explications du chef de gouvernement au Parlement

Le Maroc révolutionne son système d’aide sociale. Les détails de cette nouvelle stratégie menée sous impulsion royale viennent d’être dévoilés par le chef de l’Exécutif au Parlement. En effet, le chef de gouvernement, Aziz Akhannouch, a souligné, lundi à Rabat, que l’activation du programme d’aide sociale directe est un moment historique dans le processus de consécration des fondements de l’État social et d’édification du Maroc du progrès et de la dignité, tel que voulu par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. M. Akhannouch, qui s’exprimait devant les deux Chambres du Parlement, a affirmé que le Royaume a rendez-vous avec une «opportunité historique, à travers laquelle le Souverain inaugure une véritable révolution sociale qui lancera une nouvelle génération de contrat social entre l’Etat et les citoyens, et formera un noyau solide pour le Maroc de demain».

Cette dynamique est à même de «raffermir le sentiment d’appartenance à la Patrie et d’élever le niveau de confiance dans les institutions du pays ainsi que dans la capacité de réussite collective», a-t-il relevé. Il a également souligné qu’en droite ligne avec les Hautes orientations de Sa Majesté le Roi, le gouvernement a entamé, dès le premier jour de son mandat, la mise en œuvre du projet de généralisation de la protection sociale pour tous les Marocains, en commençant par assurer l’aboutissement de sa première phase liée à la généralisation de l’assurance-maladie obligatoire de base à la fin de 2022, avant de procéder à la mise à niveau du système national de santé, pour ensuite passer à sa deuxième phase portant sur la généralisation de l’aide sociale directe.

La principale préoccupation du gouvernement aujourd’hui est la mise en œuvre optimale de ce chantier qui, par le passé, était entravée par la multiplicité des intervenants et des programmes sociaux, a expliqué M. Akhannouch, notant que le gouvernement a relevé la cadence de son travail avec le sérieux et l’efficacité nécessaires et sur la base d’une méthodologie claire, le but étant d’assurer la réussite de ce projet majeur dans les meilleures conditions et dans les délais impartis.

Il a, en outre, indiqué qu’en exécution des Hautes Instructions Royales et en application des dispositions de la loi-cadre relative à la protection sociale et du programme gouvernemental, l’Exécutif a fixé le délai et le budget de ce programme, outre les modalités et les conditions de sa mise en œuvre, ajoutant que le gouvernement a également finalisé le dispositif de ciblage des bénéficiaires et assuré les fonds nécessaires à sa pérennisation, et ce conformément à une approche participative et une coordination étroite entre tous les départements ministériels et établissements publics concernés.

Ce chantier royal d’envergure se veut la consécration à la fois de la solidarité sociale, de par sa valeur noble reflétant l’identité marocaine, et des initiatives Royales visant à poursuivre le processus de développement du Royaume et à réaliser l’essor économique escompté, a conclu le chef de gouvernement.

Budget
La mise en œuvre du chantier de l’aide sociale nécessitera un budget global de 25 milliards DH en 2024 qui sera porté à 29 MMDH par an en 2026, a indiqué le chef de gouvernement Aziz Akhannouch qui a assuré que ce budget s’ajoute aux 10 MMDH alloués par l’Etat annuellement à la généralisation de l’AMO aux familles en situation de pauvreté et de précarité, notant que l’ensemble de ces allocations représentera un budget total de 40 MMDH à l’horizon 2026, portant sur les deux volets de la généralisation de la protection sociale (couverture médicale et aide sociale directe).

L’offre de l’aide sociale directe comporte trois mesures essentielles portant sur (1) une aide sociale directe aux familles ciblées ayant des enfants, (2) une aide sociale directe aux famille ciblées n’ayant pas d’enfants ou ayant des enfants âgés de plus de 21 ans, surtout celles ayant des personnes âgées à charge, et (3) une prime de naissance, a-t-il expliqué. Concernant la première mesure, il s’agit d’une allocation mensuelle pour tout enfant âgé de moins de 21 ans, a ajouté le chef de gouvernement, notant que tout enfant, de la naissance à l’âge de 5 ans, recevra une allocation de 200 DH par mois à partir de fin décembre 2023.

Ce montant se poursuivra toute l’année 2024, avant d’être porté à 250 DH par mois en 2025, puis à 300 DH/mois à compter de 2026, a-t-il poursuivi, précisant que les familles qui ont plus de trois enfants, à l’instar des allocations versées aux salariés du secteur privé, recevront une aide mensuelle de 36 DH additionnels pour les quatrième, cinquième et sixième enfants. Il a relevé que l’enfant en âge de scolarité conservera le même montant de l’allocation entre l’âge de 6 ans et 21 ans, tandis que celui en situation de handicap recevra une allocation mensuelle de 300 DH en 2024, montant porté à 400 DH en 2026.

Dans l’objectif de renforcer les acquis des enfants des femmes veuves, qui bénéficiaient auparavant d’un programme d’appui dédié, M. Akhannouch a affirmé que l’Etat continuera à verser 350 DH par mois à chaque enfant jusqu’à fin 2024, puis 375 DH/mois/enfant pendant toute l’année 2025, avant de le porter à 400 DH/mois/enfant à partir de 2026, soulignant que le montant de cette allocation diminuera en cas d’interruption de la scolarité, le but étant de pérenniser l’impact positif du programme Tayssir et d’encourager la poursuite de la scolarité.

Evoquant la deuxième mesure, le chef de gouvernement a indiqué que les familles ciblées n’ayant pas d’enfants ou dont les enfants sont âgés de plus de 21 ans, surtout celles qui ont des personnes âgées à charge, recevront une prime forfaitaire de 500 DH par mois à partir de fin décembre 2023, notant qu’en application des Hautes Orientations Royales, le programme d’aide sociale directe met en place un filet de sécurité sociale qui fait que chaque famille, quelle qu’en soit la composition, reçoit une aide d’au moins 500 DH par mois.