Société

Al Qaïda recrute dans les rangs du polisario

© D.R

Traquée dans ses foyers traditionnels notamment en Afghanistan et en Irak, Al Qaïda est en train de s’installer en Mauritanie, précisément à Zouérate (voir encadré). Les services de renseignement de nombre de pays (américains, français, marocains et algériens) sont en possession d’éléments sérieux confirmant le projet inquiétant de l’organisation d’Oussama Ben Laden de mettre en place un quartier d’opérations dans cette ville mauritanienne. Il s’agit de créer dans la zone en question un vaste réseau terroriste calqué sur la branche de Abou Moussaâb Al Zarkaoui  mis au point début 2004, en Syrie et en Irak.
Selon des sources du contre-terrorisme, la première vague d’agents-recruteurs d’Al Qaïda est arrivée à Zouérate vers décembre 2005. De prime abord, on prendrait ces éléments pour une main-d’œuvre démunie d’Afrique noire sauf que les intéressés avaient sur eux des sommes oscillant entre 1.000 et 2.000 Dollars US. Une fortune dans ces contrées qui manquent de tout. Les nouveaux arrivants ont rapidement fondu dans la foule des habitants en s’installant dans des demeures autour des bâtiments officiels comme ceux du gouvernement et de la police. Ces “émigrés“ pas comme les autres seront rejoints en février dernier par d’autres collègues venus de Tindouf, située dans le sud-est algérien, distante de Zouérate de près de 1.000 Km. Les services de sécurité occidentaux ont réussi à les identifier après que les habitants les eurent pris au début pour de pauvres polisariens chassés par les dernières pluies torrentielles qui ont ravagé les camps de Tindouf. En fait, il s’agit des membres du Polisario avec plein de dollars dans les poches.
Voilà, ce que les Américains soupçonnaient depuis quelque temps est en train de se confirmer. Al Qaïda recrute  des “combattants“ blasés du Polisario qui ne croient plus à l’indépendance que leurs dirigeants, qu’ils traitent maintenant de vendus et de corrompus, leur promettent depuis une trentaine d’années. Réalisant qu’ils ont été enrôlés pour défendre une cause chimérique, c’est peu dire qu’ils sont déçus, démobilisés et, maintenant, ils ont franchi le pas en se jetant dans les bras de l’organisation de Ben Laden. Résultat : Zouérate est devenue un repaire d’éléments du Polisario à la solde d’Al Qaïda. Ils sont  quelque 1600 activistes à être hébergés dans cette ville et leur nombre augmente de jour en jour pour atteindre 2.500 personnes à fin mars 2006. Les responsables de sécurité occidentaux installés dans la région sont désormais sûrs : Al Qaïda finance les caravanes du désert vers Zouérate dont les nouveaux “habitants“ sont en train de former l’ossature du réseau d’Al Qaïda en Afrique du Nord et de l’Ouest. Dans la localité de Zouérate, Al Qaïda semble disposer de deux organisations opérationnelles, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) en Algérie et la Jemaâ de l’Afrique du Nord au Maroc. Cette affaire souligne si besoin est le danger que représente aujourd’hui le Polisario pour la sécurité dans la région.
Une chose est sûre : les Etats-Unis sont déterminés à lutter contre
ce foyer naissant du terrorisme. D’ailleurs, la dernière visite du secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld, dans certains pays du Maghreb dont le Maroc lui a permis de lancer l’opération baptisée Trans-Sahara Counter-Terror Force.

 Zouérate : une mine de problèmes


Zouérate, 38.000 habitants, est située à 900 kilomètres au nord de la capitale mauritanienne Nouakchott. Les deux villes sont reliées par route et par un vol bihebdomadaire Un raccourci de 300 kilomètres de Zouérate à l’Atlantique traverse le Sahara marocain vers le port de Dakhla.
Seule activité à Zouérate, les mines de fer exploitées par la société Minerfa et qui attirent une main-d’œuvre issue subsaharienne. Cette compagnie gère aussi les seuls équipements de la localité, un hôtel et un restaurant. La majorité écrasante de la population est trop pauvre pour pouvoir acheter ses propres logements qui varient entre 100 et 250 Dollars. Le loyer mensuel d’une maison ne dépasse pas, quant à lui, la somme de 25 dollars. Les habitants vivent généralement de trafics divers (devises, armes, stupéfiants, êtres humains…). Ce qui se passe à Zouérate illustre encore une fois l’aide dont a besoin la Mauritanie pour contrôler et sécuriser ses vastes territoires.  

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